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[Récit] La Lumière dans les Ténèbres

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[Récit] La Lumière dans les Ténèbres Empty [Récit] La Lumière dans les Ténèbres

Message par Estherna Lun 5 Aoû - 1:11

Chapitre 1 : Une journée en Automne


Elwynn en ce début d’automne se couvrait d’un kaléidoscope de rouge et de jaune, des arbres anciens et majestueux aux chemins couverts de feuille. L’air était empli du chant des oiseaux se rassemblant pour les migrations vers on ne sait quelle terre inconnue, du doux murmure d’un cours d’eau fraîche courant quelque part dans la flore et du bruissement du vent dans les arbres. L’impression de quiétude était à peine troublée par les sabots lents du cheval que montait la jeune elfette, qui semblait pleinement bercée par l’ambiance.

Plutôt grande, même pour une elfette, elle était en revanche très fine. Son nez était aquilin et ses cheveux blonds étaient noués en une longue tresse qui couraient jusqu’en dessous de sa taille. Ses yeux étaient bien entendus bleus, bleus d’azur rappelant le ciel de Quel’Thalas. Probablement gagnée par la sensation d’harmonie, elle se mit à fredonner un vieux chant elfique, appris durant son enfance il y a des années de ça, mais pas tant tout compte fait.

Se laissant emporter par ses rêveries, elle ne vit même pas qu’elle était arrivée à destination : l’abbaye de Comté-du-Nord. Ce n’est que le salut de l’homme à l’entrée qui la ramena à la réalité, un peu déboussolée,  et qui la poussa à regarder l’humain. C’était un vieil homme, même si ce dernier restait en forme pour son âge. Une charpente solide, un visage aux traits marqués mais bienveillants, et un superbe collier de barbe, il inspirait la confiance au premier coup d’œil.

« Bonjour ma fille ! Vous devez être Estherna ?
- Oui mon père, je viens de Quel’Thalas pour perfectionner mes connaissances dans la magie de la lumière.
- Parfait ma fille, parfait. Je suis l’Abbé Alonsus Faol, le chef de l’Abbaye. Soyez la bienvenue en nos murs. Je vais prendre soin de votre destrier, allez donc vous délasser un peu de votre voyage. Il y a une rivière en contrebas si vous voulez vous rafraîchir, puis vous irez au réfectoire vous restaurez. Ensuite, nous nous entretiendrons. Cela vous sied t’il ma fille ?
- Parfaitement mon père. Soyez remercié pour votre accueil. »

Descendant un peu maladroitement du vieux cheval qui l’a conduite vaillamment au travers des royaumes de l’est, Estherna donna les rênes à Clément qui les prit en souriant, avant de lui désigner la direction de la rivière d’un geste de la main. Elle sourit, contente d’être arrivée enfin au bout du voyage, tout en regardant l’Abbé partir vers les écuries. S’étirant un peu, elle prit le chemin désigné par l’homme, jusqu’à arriver à un cours d’eau paresseux et clair.

« Ce n’est pas le confort de Quel’Thalas, mais qu’importe, c’est aussi ça le voyage ! » pensa t’elle, avant d’ôter sa robe tout en regardant autour d’elle qu’elle était seule. Ceci fait, elle se jeta dans l’eau, qui bien que fraîche, était bienvenue pour la débarrasser de la lassitude de son long voyage. Elle se mit sur le dos, se laissant un peu dériver, et fermant les yeux, elle repensa aux bois des Chants Eternels, aux grandes plaines de Lordaeron où les moissons commençaient, tout comme à Arathi. Elle revit les majestueuses montagnes des royaumes nains, la splendeur d’Ironforge, les terres étranges et désolés des Steppes Ardentes, la tranquillité des Carmines et enfin Elwynn.
Le voyage avait été long, mais c’était enfin la fin.

Soupirant, elle se résolut à se retourner puis à faire quelques brasses pour rejoindre le rivage et ses affaires. Sortant de l’eau, elle frissonna sous l’effet de la légère brise. L’idée que sa serviette se trouvait dans les fontes de sa selle la frappa soudainement, et elle se maudit pour son étourderie qui une fois de plus lui jouait des tours. Alors qu’elle faisait défiler les options dans sa tête pour se tirer de ce mauvais pas, un petit rire surgit des fourrées. Un peu effrayée, l’elfette tenta de cacher un peu sa pudeur, avant qu’une jeune fillette en sorte avec un grand sourire.

« On dirait que vous vous êtes fourrée dans un mauvais pas Madame !
- On dirait oui, répondit la prêtresse en souriant un peu, bien que très gênée.  
- Vous avez ptêt besoin d’aide ?
- Ca serait très aimable à toi en effet !
- Mais si je vous aide, il faudra me donner quelque chose en échange, d’accord ?
- Ca dépend quoi…
- Tu me laisseras jouer avec tes cheveux ? Ils sont si beaux !
- Si tu veux, mais va vite me chercher une serviette et des vêtements propres s’il te plaît ! »

La gamine ria alors aux éclats, puis courant vers le fourré dont elle était sortie, revint avec une serviette et une robe blanche simple, puis les tendit à Estherna.
« Comment ? demanda cette dernière
- En fait l’Abbé m’a envoyée vous apporter ces affaires peu après que vous soyez partie ! »

La gamine fit un grand sourire devant le visage d’abord décontenancé d’Estherna, puis enfin souriant. Reconnaissant sa défaite, elle s’enveloppa dans la serviette, se sécha et finalement s’habilla. Puis, rassemblant ses affaires, elle tendit sa main à la fillette.
Celle-ci était jeune, probablement autour de 10 ans. Elle avait des cheveux roux coupés courts, au niveau des oreilles, des yeux verts, une multitude de tâches de rousseur, un nez un peu retroussé et une bouche légèrement esquissée. Toujours riante, la fillette pris la main offerte, et toutes deux repartirent vers l’abbaye.

« Dis Madame, comment est-ce que tu t’appelles ?
- Estherna Murmurelune. Et toi ?
- Lylla.
- Juste Lylla ?
- Oui, je n’ai pas de parents. Mais l’Abbé Clément m’a recueillie et me laisse travailler à l’abbaye. Dis, tu vas rester longtemps ici ?
- Je ne sais pas, probablement que oui. Je suis ici pour ma formation…
- Il n’y a pas de prêtre de la Lumière d’où tu viens ?
- Disons plus simplement que les miens en ont une vision un peu différente et que je voulais connaître la vôtre.
- C’est loin chez toi ?
- Plutôt oui…
- C’est joli ?
- La plupart des gens trouvent Quel’Thalas magnifique.
- J’aimerai bien voir d’autres endroits moi. Les montagnes des nains… Lordaeron… Et même chez toi ! Tu crois que je pourrais moi aussi ?
- Pourquoi pas ? Si tu deviens prêtresse par exemple, tu seras la bienvenue partout et tu pourras visiter tout Azeroth ! La paix, bénie en soi la Lumière, règne partout.
- Mmh, mmh… J’y penserai, mais j’aime pas bien les études. Ah, on arrive ! Tu sens ? On dirait que Katherine a préparé une tarte ! Allez, la première arrivée »

La petite fille se mit à rire de plus belle et partie en courant vers l’abbaye. L’elfette lui laissa un peu d’avance puis se lança à son tour dans la course sur les cent derniers mètres avant l’abbaye. Rattrapant facilement la jeune fille, elle la dépassa en lui tirant la langue puis s’arrêta au niveau du mur, pour se retourner et regarder Lylla en riant. Cette dernière, haletante, était sur le point d’arriver quant son pied heurta un petit rocher, la faisant trébucher, avant qu’Estherna ne la rattrape pour l’empêcher de tomber. Elles se regardèrent un instant en souriant, puis Lylla lui dit qu’elle allait lui montrer la chambre qu’elle occuperait.

La pièce était plutôt spacieuse, plus en tout cas que ce à quoi elle s’attendait. Il y avait une fenêtre joliment ouvragée, un petit lit à l’air confortable, une cheminée et une petite table de lecture. Ses bagages se trouvaient déjà là. Posant ses affaires de voyage sur son lit, elle invita Lylla à rentrer, ce qu’elle fit, bien qu’elle semblait intimidée par les sacs, dont la qualité, bien que médiocre pour Quel’Thalas, paraissait plus que luxueuse pour les yeux d’humains d’Hurlevent. Estherna ouvrit un des sacs et en sortit une écharpe, rouge filée d’or, faite en étoffe de Lune d’Argent, et l’enroula autour du cou de la petite fille. Celle-ci la regarda, la touche, émerveillée, puis bégayer :

« Mais…c’est…c’est magnifique !
- Tu aimes ?
- J’adore !
- Tu peux la garder si tu veux...
- Oh non, c’est beaucoup trop beau ! Je suis sûr que ça vaut très cher !
- Pas tant que ça. Et puis, je suis sûr que tu la porteras plus que moi.
- T’es sûre ? Sûre de sûre ?
- Oui, sûre de sûre ! »

Lylla fit un grand sourire puis, sautant sur le lit puis sur Estherna, lui fit une bise sur la joue. L’elfette sourit, puis, donnant à nouveau sa main à la fillette, lui demanda de la mener jusqu’à la cantine. Celle-ci se trouvait dans un coin de cloître, ce qui permit à la prêtresse de comprendre l’agencement des lieux.

Tout d’abord, il y a avait un mur d’enceinte qui encadrait l’abbaye. Une magnifique porte, percée sur le mur sud, donnait sur une allée de graviers bordée de grands cyprès, jusqu’à l’abbaye elle-même. Un grand jardin, avec un petit ensemble de fontaines, se trouvait aussi dans les murs. Sur le coté Est de l’Abbaye un grand potager était cultivé. L’abbaye en elle-même était constituée autour d’un cloître, au centre duquel se trouvaient un petit puits et un jardin de fleurs multicolores. Le réfectoire, le dortoir, la chapelle, la bibliothèque et la réserve étaient accessibles depuis celui-ci.

Le réfectoire était encore vide à cette heure de l’après-midi. Au fond de celui-ci, une porte, ouverte, donnait sur la cuisine d’où une odeur de tarte venait. Tirée par Lylla qui semblait de plus en plus excitée, et elles entrèrent toutes deux. Là, une femme, plutôt jeune, à peine 30 ans selon la prêtresse, était aux fourneaux.

Estherna
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[Récit] La Lumière dans les Ténèbres Empty Re: [Récit] La Lumière dans les Ténèbres

Message par Estherna Lun 5 Aoû - 1:16

Elle se retourna en entendant les petits cris de Lylla et sourit pour accueillir les nouvelles venues. S’accroupissant et tendant les bras, elle attrapa la petite fille qui se jeta dans ses bras, riant de plus belle. Puis, tout en lui ébouriffant les cheveux, elle considéra l’elfette un moment, avant de se relever en disant :

« Vous devez être la nouvelle venue. Soyez la bienvenue à l’Abbaye. J’espère que le voyage s’est bien passé ?
- Tout fut bien, je vous remercie, d’autant que l’accueil est des plus chaleureux !
- En termes de qualité d’accueil, Lylla est la meilleure du royaume !
- Je n’en doute pas un seul instant, répondit Estherna en souriant
- Hé ! J’aime pas qu’on parle de moi comme si j’étais pas là quant je le suis vraiment ! objecta Lylla, en faisant une petite moue.
- Oh, recevez toutes mes excuses Mademoiselle répondit l’elfette. Quoiqu’il en soit, je suis Estherna Murmurelune, ravie de vous rencontrer… Katherine, c’est bien ça ?
- En effet Mademoiselle ! Katherine Thurner, pour vous servir.
- Je n’en demande pas autant ! Par contre, je dois avouer que j’ai plutôt faim.
- Alors, je suis la femme de la situation ! Asseyez vous donc là, je vais vous servir une part de tarte à l’oignon, puis une autre à la tomate. Allez, allez ! »

Estherna sourit et s’assit avec un grand plaisir à la table en bois de la cuisine. Lylla, toujours enthousiaste, en fit autant, en prenant soin de dénouer son écharpe et de la poser un peu plus loin sur la table pour éviter de la tâcher. Rapidement, Katherine revint avec deux assiettes remplies de nourriture. Cette dernière ne manquait pas de grâce, pensa Estherna : des cheveux roux coupés à la garçonne éparpillés en petites piques rebelles, de grands yeux verts, un nez fin parsemé de tâches de rousseurs, une bouche assez fine et surtout une expression de joie et de bonne humeur qui illuminait son visage. Un peu perdue dans ses pensées, elle n’entendit pas tout de suite la question de Katherine :

« ….est à vous ?
- Je vous demande pardon ? Je rêvassais un peu…
- Ce n’est pas grave, répondit Katherine. Je vous demandais si cette écharpe vous appartient, dit elle en montrant le bout d’étoffe posé sur la table
- Elle m’appartenait, mais maintenant elle est à Lylla. Je lui en ai fait cadeau, je n’en ai pas tellement besoin !
- Vous lui avez donné de votre plein gré ?
- Oui, pourquoi ?
- Parce que Lylla est maîtresse des expressions qui inspirent la pitié aux autres, je voulais être sûre qu’elle n’a pas jouée avec vous pour l’avoir…
- Ne vous en faites pas, elle ne l’avait même pas vue avant que je la sorte de mon sac.
- Très bien alors. Elle est très belle dit-elle, se radoucissant, puis en regardant l’elfette droit dans les yeux, comme toutes les choses venant de Quel’Thalas d’ailleurs ! »

Déglutissant et rougissant un peu devant le sourire et le regard de Katherine qui en disait plus même que ses mots, Estherna pencha sa tête sur son assiette et se mit à manger, en se demandant comment elle devait réagir à tout cela. Mais Katherine, ne souhaitant probablement pas pousser trop fort la jeune femme, revint, avec un ton plus badin, sur des sujets de conversations plus anodins sur la vie à Quel’Thalas et sur les diverses nouvelles et histoires du monde.

Quant elles eurent terminées, Katherine débarrassa les assiettes, puis souriant, dit à l’elfette :

« L’Abbé vous attend derrière l’abbaye, du coté des écuries. Il doit encore s’occuper de votre monture.
- L’Abbé s’en occupe personnellement ? Personne n’est là pour le faire ?
- Il prétend que cela le rapproche de la Lumière, mais au fond, c’est juste qu’il aime les animaux et que rien ne le rend plus heureux que de s’en occuper d’un.
- Merci beaucoup pour ce repas et pour le message Katherine !
- Mais de rien Estherna. Je te dis à ce soir ! conclut elle, en appuyant sur le tutoiement et en faisant un clin d’œil, ce qui finit de troubler la prêtresse. Lylla, reste là, il y a encore des choses à faire !
- Oui Katherine ! Je viendrai te voir après à l’écurie Estherna !
- Si tu veux Lylla. A tout à l’heure toutes les deux » dit elle avant de quitter les lieux pour rejoindre l’écurie.

En comparaison de la taille de l’abbaye, l’écurie était plutôt petite. Il y avait une série de boxes, une dizaine pour être précis, mais à peine la moitié étaient occupés. Au fond, un espace pour l’entretien des animaux avait été aménagé, et c’est là que se trouvait l’Abbé Faol, qui était en train de brosser la monture d’Estherna. En entendant les légers bruits de pas, il se retourna en souriant, pour accueillir la nouvelle venue. Puis, tout en désignant une petite étagère où se trouvaient divers ustensiles, il dit :

« Ah, ma fille, vous voilà. Je vous en prie, prenez une brosse et venez m’aider, ce cheval en a le plus grand besoin !
- Oui, dit elle en s’exécutant, je n’ai pas eu tellement l’occasion de m’occuper de lui depuis mon départ de Quel’Thalas. C’est bien le moins que je puisse faire pour celui qui m’a fidèlement conduite jusqu’ici !
- N’est-ce pas ? Dites moi ma fille, depuis quant avez-vous été ordonnée ?
- Cela va bientôt faire 4 mois mon père. Je suis encore une novice.
- Vous avez tout le temps pour apprendre ma fille. N’est-ce pas pour cela que vous êtes là ?
- Si mon père.
- Très bien. Dites moi ma fille, connaissez vous les Trois Vertus ?
- Ténacité, Compassion et Respect.
- Très bien. Que pouvez-vous me dire sur celles-ci ? Commencez par le Respect je vous prie.
- Nous sommes tous liés à l’Univers par nos émotions. Si je blesse autrui, je blesse ses émotions et ses sentiments. Comme chaque émotion, chaque sentiment a une connexion à l’Univers, provoquer des sentiments négatifs endommage l’Univers. Chacun doit faire son possible pour toujours respecter autrui.
- Bien. Quant est-il de la Ténacité ?
- Le monde est vaste. Le monde peut changer une âme en une journée, mais il faut plus d’une journée pour qu’une âme puisse changer le monde. Cependant, si l’âme reste tenace et dévouée à sa tâche, alors elle pourra changer le monde.
- Très bien. Et quant est il de la Compassion ?
- Je ne connais que la théorie, mon père, je suis là pour l’apprendre après tout. Mais je peux vous dire ce que je sais : aider son prochain, de manière totale bénévole, renforce le lien de ce dernier avec l’Univers, car ce sont les émotions positives qui nous renforcent. Cependant, il faut savoir utiliser la compassion avec discernement, car une aide non voulue peut être plus dévastatrice qu’un refus d’aider.
- Excellent. Vous êtes ici pour comprendre la compassion en effet, et je vais vous aider dans tout cela. Retenez bien ma première leçon.
- Je vous écoute mon père….
- Ecoutez toujours vos sentiments. Si vous savez avoir un cœur pur et droit, il vous indiquera toujours quelle est la voie à prendre pour distribuer au mieux votre compassion. Mais j’entends un rire dehors. Je crois qu’une jeune fille vous cherche. Allez donc la rejoindre.
- Etes vous sûr mon père ?
- Bien entendu que je le suis. Mon cœur ne saurait refuser à ces fillettes un moment de détente et de jeu ! Allez donc, nous aurons tout le temps du monde pour discuter au cours des deux prochaines années !
- Bien mon père. A plus tard ».

Posant la brosse là où elle l’avait trouvée, Estherna sortit rejoindre Lylla.

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[Récit] La Lumière dans les Ténèbres Empty Re: [Récit] La Lumière dans les Ténèbres

Message par Tunrida Astraani Lun 5 Aoû - 4:19

(Je me suis permis de déplacer le sujet, vu que c'est un BG)
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[Récit] La Lumière dans les Ténèbres Empty Re: [Récit] La Lumière dans les Ténèbres

Message par Estherna Mer 7 Aoû - 8:38

(Merci Tunrinda !)

Chapitre 2 : Le tonnerre dans le ciel bleu

Estherna était seule, nue dans le noir sans fond. Rien ne semblait pouvoir percer les ténèbres dans lesquelles elle se trouvait, pas même la Lumière qu’elle appelait sans cesse. Autour d’elle, des voix ne cessaient de chuchoter, de hurler, de se lamenter, d’éclater de rire ou de proclamer. Toutes disaient la même chose : « Le dormeur s’est éveillé ! Le dormeur s’est éveillé ! Plus rien ne sera comme avant ! ». Puis, d’abord doucement, puis de plus en plus vite, le sol se dérobait sous ses pieds, et elle chutait, chutait vers un sol rouge comme le sang où une masse verte grouillante exultait. Plus elle se rapprochait, plus les détails se précisaient : c’était une armée de monstres, de monstres verts. Ils étaient immenses, incroyablement trapus et armés de haches immenses. Alors qu’elle se rapprochait du sol, elle eut le temps de voir un autre type de monstre, une sorte d’immense humanoïde ridiculement obèse, dont certains avaient deux têtes. Elle percuta finalement le sol à pleine vitesse, sans qu’elle ne ressenti aucune douleur. Roulant sur le dos, elle se rendit vite compte qu’elle était au milieu de l’armée qui l’entourait d’un air féroce. Puis un trou se forma dans le cercle, et un des monstres verts, encore plus musculeux que les autres apparus, portant un marteau de guerre, qu’il leva au-dessus de sa tête avant de l’abattre sur l’elfette. Elle ne vit plus que rouge.

Estherna se réveilla en sursaut, en sueur dans son lit. Elle regarda partout autour dans sa chambre, et n’entendit que la respiration calme de Katherine. Tournant la tête sur sa compagne, profondément endormie à ses cotés, elle sourit, remonta la couverture sur celle-ci, puis sortit du lit. Il n’y avait aucune chance qu’elle puisse se rendormir immédiatement. Sortant de la chambre, elle se dirigea vers le puits au centre du cloître, dans l’espoir d’y puiser un peu d’eau fraîche. C’était l’été, et il y avait presqu’un an qu’elle était arrivée à Elwynn, 5 mois qu’elle sortait avec Katherine, et bientôt 3 semaines qu’elle faisait le même cauchemar quasiment toutes les nuits. Elle, et en fait la plupart des prêtres du royaume d’Hurlevent. Personne ne savait ce que cela pouvait signifier. Alors qu’elle actionnait le mécanisme de la pompe du puits, elle sentit une présence derrière elle. Se retournant en panique, toujours perturbée par le rêve, elle découvrit l’Abbé Faol, donc le visage traduisait le même désarroi. Il lui sourit, puis dit d’une voix douce :
« J’avais la même idée ma fille. Un peu d’eau fraîche nous fera du bien, quoique les nuits soient encore fraîches.
- Oui mon père, vous avez parfaitement raison. Je vais en tirer pour nous deux, dit elle en actionnant à nouveau la pompe.
- Encore ce fichu cauchemar je parie ?
- Oui mon père. Vous aussi ?
- Oui, quasiment toutes les nuits.
- Qu’est-ce que cela peut vouloir dire selon vous ?
- Je pense que la Lumière veut nous envoyer un message. Mais lequel exactement ?
- Je ne saurai vous dire. Qui peut bien être ce dormeur ?
- J’ai peut être une réponse. Le fils du seigneur de Karazhan, Nielas Aran, vient de sortir du coma dans lequel il était plongé depuis plusieurs années.
- Qu’est-ce que cela peut signifier selon vous ?
- Je ne sais pas. L’abbaye de Comté-du-Nord n’est pas l’endroit où un grand nombre de secrets du monde sont échangés ma fille.
- Oui, je vous demande pardon mon père. Tenez, voici à boire.
- Ce n’est rien ma fille. Et merci beaucoup pour l’eau. Dites moi, comment vont les choses avec Katherine ? »

Un peu surprise, Estherna rougit puis répondit :
« Vous êtes au courant ?
- Bien entendu. Vos tentatives de cacher cela attirent plus l’attention que si vous ne faisiez rien pour.
- J’imagine que cela doit être gênant.
- Avez-vous suivi votre cœur ma fille ?
- Je ne comprends pas…
- Que ressentez vous quant vous pensez à elle ?
- …. De la joie, principalement. Beaucoup de bonheur quant je la vois sourire. Et aussi de la peur, du doute et parfois comme une ombre sur mon cœur…
- Peur de quoi ?
- Peur qu’elle ne soit plus là demain. Peur qu’elle ne me sourit plus. Peur qu’elle ne veuille plus de moi.
- Vous écoutez votre cœur ma fille, cela se voit dans vos yeux quant vous parlez d’elle. Vous vouliez savoir ce que je pensais de votre relation ? La Lumière n’en est que plus belle depuis que vous vous aimez toutes les deux. Ne cessez jamais de briller comme cela, même au cœur des ténèbres qui s’amoncellent dans nos esprits et dans nos cœurs.
- Oui mon père. Merci de votre soutien, et surtout de votre compréhension. Je sais que…ce genre de choses n’est pas toujours facilement accepté.
- Je suis trop vieux pour ne pas me réjouir lorsque je sens de l’amour, quel qu’il soit ma fille. Je ne sais pas ce que la Lumière nous annonce, et ce que les brumes de l’avenir nous annoncent. Mais n’oubliez jamais que la Lumière vous éclairera toujours, tant que d’aussi nobles émotions que l’amour rayonnera dans votre cœur.
- Merci mon père.
- Il est temps de retourner nous coucher ma fille. Une dure journée nous attend demain.
- Oui mon père. Je suis sûre que nous aurons fini d’agrandir l’écurie avant le soir.
- Oui, j’en suis sûr aussi. Bonne nuit ma fille.
- Bonne nuit mon père. »

Cela faisait maintenant un mois et demi qu’Estherna avait eu cette conversation nocturne avec l’abbé Faol, et les cauchemars étaient toujours aussi virulents, alors que d’étranges rumeurs circulaient dans le royaume : des créatures inconnues étaient apparues dans le marécage des Chagrins, une section de l’armée avait entièrement disparue alors qu’elle était en patrouille dans une région réputée calme, et l’équipe envoyée à sa recherche ne donnait pas plus de signes de vie. Mais le plus étrange était cette lueur verte dans le ciel nocturne, toujours au Sud.

Mais pour l’heure, Estherna avait mieux à faire que de penser à toutes ces rumeurs. Toute une famille anxieuse la fixait tandis qu’elle ne regardait que le petit garçon malade qui semblait souffrir le martyr, allongé sur son lit. La fièvre était haute, son teint de peau très pâle et ses yeux étaient cerclés du noir de l’intense fatigue. Elle le savait, à ce rythme là, tout serait fini avant la fin de la semaine. Pestant intérieurement contre cette famille qui n’avait cru bon de venir chercher de l’aide que quelques heures plus tôt, quant ils avaient enfin convaincu que ce n’était pas « une chtié de comédie pour feignasser au lit » comme ils avaient dit, elle se mit en devoir de chasser de son esprit toute pensée négative. Puis, inspirant profondément, elle pensa à Katherine, à son sourire, à ses yeux, à son nez, à ses lèvres…ses lèvres qu’elle avait tant aimées encore cette nuit. Et ce corps…. Se reprenant, comprenant qu’elle dérivait, elle se recentra sur les sentiments que lui inspiraient Katherine et Lylla, et s’en emplit. Quant elle se sentit pleine d’amour, de compassion et de bonté, elle plongea dans l’océan de lumière qu’elle sentait naître au fond de son cœur, toujours plus profond, en cherchant le fond.

« Z’allez bien M’dzelle ? » dit le père

Ouvrant les yeux en grimaçant, brutalement ramenée à la réalité, elle dut faire un immense effort pour ne pas lui lancer un regard assassin. Au lieu de ça, elle lui sourit, hocha de la tête, puis posa délicatement un doigt sur ses lèvres, avant de replonger dans l’océan. Au bout d’un instant, elle parvint jusqu’au fond de l’océan, sentant le fil qui la reliait à l’Univers. Elle l’empoigna délicatement et commença à le suivre, au milieu de la forêt de fils provenant de tout autour, montant eux aussi vers l’immense amas brillant flottant loin, là haut. Mais elle n’avait pas besoin d’aller si loin, elle avait juste à voir le fil ténu partant du garçonnet, ce qu’elle fit assez vite. Empoignant ce dernier avec délicatesse, elle entreprit de canaliser la Lumière venant par son propre lien vers l’enfant. Celui-ci, qui apparaissait d’abord terne aux yeux de l’elfette s’emplit progressivement de Lumière, jusqu’à être tout aussi brillant que l’amas, loin au-dessus d’eux. Puis, doucement, Estherna commença à réduire l’afflux de Lumière, jusqu’à ce que l’apport fût tari. Le garçonnet cessa de briller, mais il n’était à présent plus terne, signe que le sort avait réussi. Souriant intérieurement, Estherna ouvrit les yeux et regarda le jeune malade.

Ce dernier semblait déjà mieux respirer, et elle se rendit vite compte en posant sa main sur son front que la fièvre était tombée. Puis, regardant la famille, elle sourit et leur dit :

« Il est tiré d’affaire. Par contre, il aura besoin d’au moins une semaine de repos pour être tout à fait guéri. En attendant, il vaut mieux qu’il ne quitte pas le lit et surtout qu’il dorme. Je compte sur vous pour ne pas l’en tirer dès qu’il sera réveillé. Et la prochaine fois, venez nous trouver dès que les premiers symptômes apparaissent, d’accord ?
- Oui M’dzelle, c’est promis, répondit le père. Combien est-ce qu’on vous doit ?
- Rien du tout voyons, nous ne faisons pas payer nos soins !
- Prenez au moins une ou deux poulardes pour vôt’ repas ! Je suis sûr que Katherine saura les cuisiner à merveille !
- J’en suis sûre aussi, répondit l’elfette, dont les traits s’adoucirent à l’évocation de son amante. Mais vous êtes sûr que vous n’en manquerez pas ?
- Pensez vous ! Grâce à not’ bon roi Llane, y’a plein à manger et y’aura toujours plein à manger dans le futur.
- Espérons le mon brave.
- Attendez donc dans la cour, j’arrive. »

Saluant d’un sourire et de quelques légères paroles le reste de la famille, Estherna sorti et s’approcha de sa fidèle monture, toujours le même destrier depuis Quel’Thalas. Rapidement, l’homme la rejoint, portant les deux poules promises par les pattes. Celles-ci avaient déjà été assommées. Estherna sourit, remercia l’homme pour son don, puis enfourcha son destrier pour rentrer. Le soir tombait, et elle en avait pour une petite heure de route avant de revenir à l’abbaye.

C’était le cœur de l’été, et la chaleur de la journée était encore très présente dans l’air. La forêt aux alentours paraissait encore très endormie, et seul le clapotis du cours d’eau venait rompre le silence environnant. Rêvassant, pensant à Katherine en souriant, à Lylla en riant, ou aux paroles de l’Abbé Faol, Estherna réussissait enfin à se détendre après le stress engendré par la journée. Appelée en urgence, elle avait à peine eu le temps de rassembler son matériel avant d’aller soigner le jeune garçon. La guérison elle-même n’avait pas été de tout repos, et l’elfette avait beaucoup tiré sur son lien pour pouvoir le soigner. Un bon bain dans la rivière et une bonne nuit de sommeil ne serait pas de trop lorsqu’elle rentrerait à l’abbaye.

Elle avait à peine vue le temps passer lorsqu’apparurent les murs de l’abbaye. Etrangement, les portes de celle-ci étaient ouvertes en grand, ce qui n’arrivait normalement qu’en temps de fêtes, lorsqu’il fallait faire entrer d’importantes processions. Accélérant inconsciemment l’allure, Estherna pénétra dans l’enceinte du bâtiment, pour y découvrir, stupéfaite, un régiment entier de l’armée d’Hurlevent, dont la bannière à la tête de lion sur fond bleu claquait au vent. Continuant à avancer, elle mit pied à terre et alla à l’entrée du bâtiment, où l’Abbé Clément était en train de discuter avec celui qui commandait le régiment. Ce dernier était en train d’exhiber un document à l’Abbé :

« Par ordre du Roi, tous les prêtres et prêtresses en capacité de suivre une armée en campagne sont réquisitionnés.
- Mais enfin, pourquoi ? Ca n’a aucun sens ! Contre qui allez vous bien pouvoir vous battre ?
- Des monstres sont sortis du Marécage des Chagrins ! Ils attaquent les possessions du royaume. Nous devons nous défendre.
- Très bien, très bien, je comprends. Je vais donner l’ordre de rassemblement. »

Se retournant, l’Abbé chuchota un ordre à un des acolytes qui partit en courant à l’intérieur. Puis, se retournant il avisa la jeune elfette. Il sourit, ce qui attira l’attention du chef du régiment. Ce dernier prit la parole en premier :

« Ah, vous devez être Estherna Chantesoleil ?
- Oui….
- J’ai là un pli pour vous de la part de l’Ambassadeur Haut-Soleil, le représentant de Quel’Thalas auprès du roi Llane. »

Sans rien ajouter, il tendit la lettre à Estherna, qui l’ouvrit tout en se demandant ce qu’il pouvait bien se passer exactement. La missive à l’intérieur était écrite en thalassien, dans un style élégant, avec une calligraphie qui l’était tout autant. Quelqu’un de la famille royale ne pouvait qu’être élégant en tout, pensa brièvement Estherna avant de débuter sa lecture :

« Ma sœur,

Il semble qu’Hurlevent soit attaqué par une force inconnue de tous, même par les plus anciens des nôtres. Quel’Thalas n’a pas encore décidé quelle réponse apporter à cette situation. Toutefois, étant donné les liens qui attachent notre pays et les royaumes humains, j’ai suggéré qu’en tant que prêtresse de la Lumière, vous rejoignez l’armée d’Hurlevent en qualité de médecin pour montrer l’engagement des elfes au coté de nos alliés. Quel’Thalas a approuvé cette suggestion. Je sais que vous saurez représentez au mieux les nôtres au cours des événements à venir. Si vous aviez la moindre objection quant à cet assignement, venez me voir à Hurlevent, nous pourrons probablement parvenir à un arrangement.

Toujours à votre disposition,
Que le puits solaire vous garde,

Antheras Haut-Soleil »

Estherna eût un sourire féroce à la fin de sa lecture. De toutes les tentatives d’approches de ce bellâtre sans relief, celle-ci était incontestablement la pire. Soit elle couchait avec lui, soit elle partait à la guerre. Et bien, Antheras, se dit elle, toi qui te sent si seul ici sans la présence de tes semblables, tu vas encore attendre avant de goûter à nouveau aux charmes de Quel’Thalas. Refermant la missive, elle regarda le chef du régiment.

« Monsieur, il semble que je doive rejoindre vos troupes. Auriez vous l’obligeance de m’indiquer mon assignement ?
- Ne devez vous pas aller d’abord à Hurlevent ? L’ambassadeur m’a assuré que vous iriez. Je devais même vous fournir une escorte.
- L’ambassadeur dînera et dormir seul ce soir Monsieur, je préfère aller combattre des monstres plutôt que de le revoir.
- Je crois que je comprends Mademoiselle. Dans ce genre de cas, rassemblez vos affaires, et rejoignez nous ici. Pas de vêtements, on vous en fournira. Prenez des souvenirs si vous voulez, mais surtout tout ce dont vous aurez besoin pour soigner. Nous nous dirigeons vers le camp principal au Sud.
- Bien Monsieur.
- Ah, et à partir de maintenant, c’est Sergent, soldat.
- Bien Sergent. »

Puis, sous le regard perdu et infiniment attristé de l’Abbé Faol, elle en entra dans l’abbaye et se dirigea vers sa chambre. Là, elle sortit un sac d’une armoire et commença à le remplir de divers objets, souvenirs et outils. Alors qu’elle était sur le point de fermer le sac, la porte derrière elle s’ouvrit à la volée, laissant entrer une Katherine à l’air à la fois furieux et désespérée :

"Que se passe t’il ? Pourquoi est-ce que tu pars aussi ?
- Mon roi me l’a ordonné, je n’ai pas le choix.
- Comment ton roi peut t’ordonner quoique ce soit depuis là où il est ? Comment sait il seulement que tu existes ?
- Il ne le savait pas jusqu’à ce que l’ambassadeur de Quel’Thalas à Hurlevent me parle de lui.
- Il t’a ordonné d’aller te battre ? Il n’y a pas d’autres alternatives ?
- Non, aucune qui ne soit acceptable….
- Mais il y en a !
- Je te l’ai dis, aucune qui ne soit acceptable. Je refuse de laisser ce porc avoir ce qu’il veut. Et tu sais ce qu’il veut.
- Estherna…. Je comprends… Mais ne peux tu pas simplement désobéir ? N’y vas pas ! Fuyons toutes les deux ! Non ! Toutes les trois avec Lylla ! Partons vers le Nord, allons à Lordaeron, ou à Dalaran ! Tu pourras d’installer comme prêtresse, moi je serai cuisinière ! On aura notre auberge dans un petit village des montagnes d’Alterac ! Lylla aimera tellement les montagnes, j’en suis sûre. Et toi, tu pourras officier dans l’église du village. Tout le monde nous accueillera bien là bas, j’en suis sûre ! Allez, dis oui ! »

Estherna jeta un regard triste à Katherine. Tout ce qu’elle disait la transperçait comme autant de flèches de glaces. Ces rêves de bonheur flottaient devant ses yeux, ces moments fantasmées où elles ne seraient que toute les trois, loin des soucis et des problèmes qui s’amoncelaient. Mais elle savait que ce n’était pas possible.

« Katherine…. Ma famille… mes parents vivent à Quel’Thalas. Si je fuis et que je désobéi à un ordre direct du Roi, ils en payeront le prix. Je ne saurai plus celle que tu aimes si je laissais cela arriver, tu ne crois pas…
- Mais, ton Roi comprendra sûrement…
- Peut être oui. Mais il devra le faire, aucun Roi ne peut laisser un sujet lui désobéir sans réagir. Je n’ai pas le choix Katherine, je dois y aller.
- Tu reviendras ?
- Oui.
- Tu me le jures.
- Sur tout ce que je chéris dans ce monde.
- Sur la tête de Lylla ?
- Sur la tête de Lylla. »

Eclatant en sanglots, Katherine enlaça Estherna et l’embrassa avec passion et douleur. Puis, la regardant du fond de ses yeux, elle lui chuchota :
« J’attendrai ton retour. Tous les soirs, j’allumerai une lanterne et je la mettrai au sommet du clocher pour que tu puisses nous retrouver.
- Je te jure que je reviendrai Katherine. Je te le jure, dis Estherna, pleurant elle aussi à son tour, serrant fort Katherine dans ses bras. Dit au revoir à Lylla de ma part. Dis lui bien que je reviendrai pour vous.
- Je lui dirai tout. Allez, dit elle en la repoussant, va maintenant, et sois prudente.
- Je le serai ».

Puis, ne sachant plus quoi ajouter, elle attrapa son sac et partit sans se retourner vers la sortie, contenant à peine ses sanglots. Elle rejoint les autres prêtres dans la cour, tandis que la troupe remontait déjà à cheval. La voyant les larmes aux yeux, le Sergent eût un sourire chaleureux, tandis que ses yeux traduisaient la même peine dans son cœur. Lui aussi, probablement, avait laissé quelqu’un qu’il aimait derrière lui. Alors qu’elle regarda le régiment, elle vit que tous étaient aussi bouleversés qu’elle. Elle se sentit réconforté par leur présence, puis, enfourchant à son tour sa monture, elle se mit dans le rang. Peu de temps après, ils se mirent en marche vers le Sud.

Estherna
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Message par Estherna Mar 13 Aoû - 18:54

Chapitre 3 : Au cœur des tempêtes

L’homme qu’on amenait dans la tente ne s’en sortirait pas, Estherna pouvait le dire au premier coup d’œil. Son thorax, ouvert dans tout le sens de la largeur, laissait couler le sang. Heureusement, pour lui, l’inconscience dans laquelle il était plongé l’empêchait de souffrir. L’elfette fit la seule chose qu’elle pouvait encore pour lui : canalisant la lumière, elle anesthésia ses nerfs pour que sa mort soit au moins paisible, puis elle se pencha sur un autre blessé.

Cela faisait presque un mois et demi que la guerre durait, et c’était déjà un désastre pour Hurlevent. Les ennemis étaient forts, beaucoup plus forts que les plus musculeux des humains, et leurs assauts étaient dévastateurs. L’autrefois paisible bourgade de Grand Hamlet avait été détruite dès les débuts du conflit, et l’armée avait eut grande peine à contenir l’avancée ennemie vers Hurlevent. Mais, alors, bizarrement, les monstres avaient semblés marquer le pas dans leurs avancées, bien que les escarmouches continuaient d’éclater.

Le régiment de l’elfette, le 8ème, avait été affecté à la surveillance d’une ligne de ravitaillement, un peu en arrière du front. Dans les textes, ça devait être une affectation sans trop de problème, mais dans la réalité, ils avaient été attaqués dès le 3ème jour. L’ennemi n’était pas très nombreux, 100 ou 200 unités tout au plus, mais il était féroce et déterminé. Mais eux, les défenseurs du royaume, ne pouvaient pas céder. S’ils le faisaient, c’est le front entier qui serait coupé de son ravitaillement, et nul ne pouvait dire combien de temps alors le Lion flotterait sur Comté de l’Or.

Alors la bataille durait depuis le matin. D’abord, ce furent les postes de garde au Sud qui avaient donné la première alerte. Les renforts avaient couru pour les soutenir, mais trop tard, la tourelle était déjà la proie des flammes tandis que les ombres des monstres à la peau verte avançaient vers les humains. Ceux-ci, ne voulant pas risquer un affrontement en terrain découvert, se sont alors retiré jusqu’au petit hameau où passait la route, dans l’espoir de tenir bon en attendant qu’un détachement plus important n’intervienne. Et c’est ce qu’ils faisaient depuis maintenant 5 heures. La séquence était toujours la même : les monstres attaquaient, les soldats tenaient bon derrière les barricades de fortunes faites de bois et derrière leurs boucliers, mais finissaient par céder devant la brutalité de leurs adversaires. Et quant la première ligne ennemie semblait épuisée, suffisamment en tout cas pour pouvoir être atteinte, ils se retiraient vers les bois. Chaque assaut mettait hors de combat une dizaine d’hommes, morts ou trop grièvement blessés pour continuer le combat, et si les défenseurs parvenaient à tuer un assaillant, cela relevait presque de l’exploit.

Les deux soigneurs du régiment, l’elfette et un vieux prêtre à l’allure débonnaire, étaient débordés par le nombre de blessés à soigner. Il en arrivait trop pour la petite chapelle du village qui avait du être reconvertie en hôpital de campagne. La plupart du temps, comme pour l’homme précédent, il n’y avait rien d’autre à faire que d’abréger les souffrances.

L’autre homme était encore secourable, bien que ses chances soient minces. Rapidement, elle banda ses plaies et essaya d’aider à la guérison avec un peu de magie. Mais elle était obligée de s’économiser au vu du nombre de blessés…. Si seulement il n’y avait eu que lui, elle aurait pu peut être lui permettre d’être sur pieds en quelques heures. Secouant la tête, elle décida de ne plus penser à autre chose que l’instant présent.

Brutalement, la porte de l’église s’ouvrit en grand, et un homme entra, en hurlant :

« Les lignes ont été percées ! Ils se dirigent vers ici ! Il faut évacuer les blessés ! »

Estherna regarda l’homme, pleine de désespoir. Ils ne pourraient pas évacuer tous les blessés, il y en avait trop et les hommes valides devraient se battre. Elle se tourna vers l’autre prêtre qui avait l’air tout aussi désemparé, puis, prenant la parole, elle dit :

« C’est impossible, ils sont trop nombreux, et certains ne peuvent être déplacés.
- Que comptez-vous faire alors ? demanda l’homme.
- Evacuez les plus valides. Je reste avec les autres.
- Ils vous tueront.
- La Lumière me protégera.
- En êtes-vous sûre ?
- La justice veut que je reste avec les blessés jusqu’à la fin. Je ne pourrais pas continuer à servir la Lumière honnêtement si je trahis mes sentiments.
- Bien parlé ma sœur, dit le prêtre. Je reste avec vous également. La Lumière nous a montré la voie.
- Alors je reste aussi dit le soldat. Au moins vous aurez une épée à vos cotés.
- Qu’on me donne une arme ! dit un des blessés, vite rejoints par les autres plus valides. Je ne serai pas une bête qui attend son boucher à l’abattoir ! Pour Hurlevent ! »

Ce fut le moment que choisit le commandant du régiment pour entrer dans les lieux. Les regards de ses hommes, dont certains avaient déjà saisis leurs armes, les cris qu’il avait entendu en arrivant lui avaient suffit à comprendre. Il eu un air un peu contrarié, puis prit la parole :

« Soldats, je comprends vos volontés. Mais vous n’êtes plus en état de combattre. Ne gâchez pas vos vies aujourd’hui.
- Commandant, répondit l’un d’entre eux, combattre et mourir pour protéger nos frères, ce n’est pas gâcher nos vies… Je préfère rester, quelque soit le prix. »

Le commandant fut un moment surpris, puis sourit.

« Qu’il en soit ainsi alors. Aujourd’hui, ces monstres auront la victoire. Mais ils la paieront si cher qu’elle semblera une défaite ! Vous, dit il en désignant le soldat n’était pas blessé, allez chercher les autres. Nous allons nous replier sur l’église !
- Oui Monsieur ! » répondit il tout en partant en courant.

Il ne fallut que quelques minutes au soldat pour transmettre les ordres, et battre le rappel. Estherna put voir combien de soldats il restait. A peine une cinquantaine, à l’air exténué. Certains étaient salement blessés mais semblaient refuser le moindre soin. Ne pouvant rien faire d’autre, elle essaya d’en soulager quelques uns, mais elle savait qu’elle ne pouvait guère faire plus.

« Soldats ! dit le commandant, qui était monté à la chaire. Nous sommes débordés, l’ennemi est plus fort, probablement plus nombreux. Je ne vais pas vous mentir, la mort nous attend. Mais qu’importe, nous ne mourrons pas ici, car tous se souviendront de ce qui s’est passé ici. Les hommes entendront parler de ceux qui ont tenu ici, qui ont fait subir à un ennemi impitoyable et invincible des pertes immenses. Hurlevent bruissera de nos faits d’armes ! Chaque soldat du royaume n’aura qu’une idée en tête : faire ce que nous allons faire ici. Nous devons transformer cette défaite en symbole, montrer à nos ennemis et à nos alliés ce que nous valons ! Nous ne vaincrons pas ici, mais nous vaincrons dans les cœurs, et dans les esprits ! Soldats, ce soir, vous êtes tous mes frères. Soldats, ce soir, nous serons immortels ! Pour Hurlevent ! Pour AZEROTH !

- POUR AZEROTH ! » crièrent en chœur les soldats.

Mais à peine le cri de guerre avait fini de résonner dans la nef, qu’un cor de guerre retentit au dehors, qu’un cri bestial et terrifiant se fit entendre : « LOK’TAR OGAR ! ». Les soldats se regardèrent, empoignèrent plus fermement leurs armes et leurs boucliers, puis formèrent un mur entre la porte et les blessés.

Le silence se fit alors, presque irréel. Puis des coups sourds résonnèrent sur la porte barricadée. *Boum* Les hommes resserrèrent les rangs. *Boum* Des gouttes de sueur perlèrent, alors que la porte s’était soulevée un peu. *Boum* La porte était sur le point de céder, les soldats, d’un même geste, mirent leurs boucliers en avant et levèrent leurs épées.


*BOUM !!*
Les deux battants s’ouvrirent brutalement, laissant apparaître une dizaine de monstres verts portant une poutre qu’ils avaient utilisés comme bélier. Lâchant celle-ci et levant leurs haches, ils chargèrent en hurlant :

« LOK’TAR O….
- POUR AZEROTH !!! »

Le cri des hommes couvrit celui des monstres au moment du fracas de l’acier. L’elfette et son compagnon prêtre se placèrent derrière la ligne, essayant de protéger au maximum les soldats dans la bataille. Les haches et les épées se croisaient, le fer d’Azeroth résonnait sur le fer venu d’ailleurs, mais les monstres, qui semblaient si sûr d’eux, furent surpris par la férocité des défenseurs qui rendaient coup pour coup, qui semblaient ne plus faire aussi attention à leur propre survie.

Alors, doucement, les monstres reculèrent, pas à pas, mort par mort. Pour la première fois depuis le début de la journée, les pertes étaient plus lourdes chez eux. Puis, finalement, l’assaut fut brisé et les quelques monstres encore en état prirent la fuite, sous les cris de joies des soldats. Certains commencèrent à les poursuivre, quant la voix forte et sûre du commandant cria :

« Non Soldats ! Ne sortez pas de l’église. N’oubliez pas qu’il y en a beaucoup plus dehors. Ne brisez jamais la ligne ! »

Rappelés à l’ordre, les quelques enthousiastes reformèrent vite le rang, tandis que les deux prêtres évacuaient les blessés, mais aussi les cadavres des soldats tués dans l’assaut. Rapidement, Estherna se rendit compte que 8 des quelques cinquante soldats restant étaient hors de combat. Elle pria brièvement la Lumière, puis elle se remit au travail, remettant sur pied les plus légèrement blessés.

A peine avait-elle traité quatre soldats que le fracas d’une course se fit entendre, venant de l’extérieur. Jetant un œil par-dessus la ligne, elle fit qu’un groupe de monstres lourdement armé était en train de charger. Un tressaillement parcourut la rangée, mais aucun ne bougea, puisant son courage et sa volonté dans le regard de son voisin. Ne pas mourir seul semblait être une émulation puissante.

Estherna recula quelques secondes avant le choc, rassemblant ses esprits pour à nouveau soutenir les soldats. Le choc fut encore plus brutal que le précédent, ce qui fit reculer les soldats. Quatre périrent sur le coup, mais leur place fut remplie immédiatement et la ligne ne se brisa pas. Les monstres virent face à eux un mur bleu et or, duquel jaillissaient des lames perçantes qui blessaient leurs chairs. Une nouvelle fois contenus par la solidité et la solidarité de leurs adversaires, ils furent repoussés jusqu’à la porte, où il ne pouvait plus n’être que 3 de front, vite submergés par le nombre d’humains. Tout aussi brutalement qu’ils avaient chargés ils refluèrent, sans être cette fois suivi par des soldats exténués.

Une fois de plus, le décompte morbide fut fait, et cinq hommes en plus de quatre ayant été tué lors de la charge furent retirés du rang. Tous les hommes se regardèrent. La fatigue, les blessures qu’ils avaient tous subis, la férocité de leurs adversaires. Ils savaient que la troisième charge serait la dernière. Le commandant, qui était resté en arrière pour maintenir la cohérence du groupe se fraya un chemin jusqu’à la première ligne, au centre, sourit à ses hommes et baissa sa visière. Ensemble, alors que le fracas recommençait au dehors, ils levèrent leurs boucliers. Le temps sembla passer au ralenti aux yeux de la jeune elfette, puis le bruit du choc la tira de sa rêverie. Cette fois-ci, la ligne ne parvint pas à se reformer, et elle fut brisée à ses deux tiers, sur la droite. Soudainement pris à revers, les hommes durent former ce qui ressemblait un dernier carré, dans lequel Estherna se retrouva prise. L’autre prêtre, qui était plus en arrière, n’eut pas le temps de le rejoindre et une hache vint brutalement le décapiter.

Serrée entre les derniers survivants, tandis que les éléments séparés étaient massacrés, l’elfette essayait de soigner comme elle pouvait les soldats. En même temps, bas, en chuchotant, elle pensa à Katherine, à Lylla, à ses amis et sa famille de Quel’Thalas, priant la Lumière pour qu’ils soient protégés. Elle pria aussi pour que sa mort soit rapide et peu douloureuse. Autour d’elle, les boucliers des soldats étaient brisés, leurs armures réduites en pièces, avant qu’eux-mêmes ne finissent par tomber.

Soudainement, le vitrail du fond de l’église s’éclaira, probablement que les nuages qui obstruaient le ciel depuis le matin s’étaient enfin poussés. Un immense ange de Lumière apparut dans la nef, à l’air terrible et vengeur. Les monstres semblèrent hésiter un court instant, mais cela ne changea rien aux chances de quelques derniers survivants. Le commandant s’écroula, ayant reçu un vilain coup de hache dans la poitrine. C’était le dernier encore debout avec la prêtresse. Au bord du désespoir, Estherna se jeta sur lui pour essayer de le protéger et lui offrir une mort au moins paisible. Déjà, elle entendait au dehors les cors des anges qui venaient pour tous les amener ailleurs.

Le monstre ria de son geste et leva sa hache pour en finir. Mais à mi-chemin, il fut surpris de la voir rebondir sur une surface dorée. L’elfette, à genoux, les deux mains placées en avant le regardait avec un air de défi, courbant la Lumière pour s’en faire un bouclier. Hurlant un cri informe, l’ennemi frappa à nouveau, plus fort, ce qui ébranla le bouclier de la prêtresse. Cela ne faisant qu’accroître sa rage, et voyant le visage grimaçant d’Estherna, il frappa une fois de plus, puis encore. Elle savait qu’elle ne tiendrait plus qu’un ou deux coups.

L’horreur verte prit son arme à deux mains, la leva au dessus de sa tête quant une lame apparut dans sa poitrine. Le monstre parut surprit, essaya de se tenir droit, mais l’épée disparut à nouveau en une gerbe de sang et vint le décapiter. Le corps s’écroula, maculant encore un peu plus de sang la robe d’Estherna. Elle vit alors le tabard de son sauveur, jaune avec une sorte de construction en trois parties. Arathor ?

Levant encore un peu les yeux, elle ne put voir le visage du soldat, couvert d’un heaume complet, mais celui-ci l’enleva pour révéler un homme d’âge mur, à la barbe blanche fournie et au regard si sûr, ce genre de regard qui rassemblent des armées et les mènent jusqu’au plus profond des enfers.

« ….tres survivants ?
- Pardon ? répondit l’elfette »

L’homme se mit à genoux et posa sa main gantée sur son épaule.

« C’est fini, ils sont en fuite. Est-ce qu’il y a d’autres survivants ?
- Je ne sais pas…. Peut être que les blessés n’ont pas été touchés. Je dois…. »

Elle se leva, et en titubant, voulu aller voir les lits à l’arrière. Elle fit quelques pas avant que la fatigue ne prenne le dessus et la face s’écrouler, heureusement rattrapée par les bras forts de l’homme. Celui-ci la regarda avec un sourire plein de confiance et lui dit :

« Votre dévouement est admirable, prêtresse, surtout pour des gens qui ne sont pas votre peuple. Quel est votre nom ?
- Estherna. Estherna Murmurelune. Et vous ?
- Anduin Lothar. Laissez vous aller maintenant. »

Deux hommes entrèrent dans l’église, probablement des prêtres vus leurs tenues, qui se précipitèrent suivant le geste d’Anduin sur les blessés. Le guerrier, quant à lui, se dirigea vers la sortie de l’église. Le soleil au dehors était éblouissant, mais l’odeur de sang, de chair et de brûlé empêchait de profiter de ce qui aurait été sinon une belle journée de fin d’été.

Levant sa main vers le soleil, elle s’amusa à le cacher et à observer les rayons de lumière sur sa main, avant de la laisser retomber, trop fatiguée pour continuer. Elle regarda alors autour d’elle et vit qu’une division complète de cavaliers aux couleurs d’Hurlevent étaient là. Une des unités de cavalerie d’élite, pensa Estherna, tout en se faisant la réflexion que pour une fois, la cavalerie était là à temps. Même si juste après, elle se demanda d’où lui venait une telle idée.

Lothar l’emmena jusqu’à une maison encore un peu en état où semblait il une nouvelle infirmerie avait été installée. Il la posa délicatement sur un lit, où elle s’endormit tout de suite après, non sans remercier la Lumière juste avant de sombrer.

Estherna
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Message par Estherna Mar 13 Aoû - 18:55

Chapitre 4 : Le Crépuscule d'un Royaume

La Forêt d’Elwynn n’était plus qu’un champ de cendres et d’arbres calcinés, que les rayons d’un soleil couchant éclairaient d’une lueur rouge achevant de donner à la scène son ambiance de fin du monde. Ca et là, les restes noircis de poutres calcinées étaient les seuls témoignages des habitations qui se tenaient jadis là. Estherna, marchant au milieu de la colonne de soldats d’Hurlevent épuisés, faméliques et blessés, regardait ce qui avait été son monde durant les deux dernières années s’envolé en fumée grise par delà l’horizon.

Elle connaissait chacune des maisons qu’ils croisaient. En connaissait ses habitants, les enfants qui sortaient en riant quant elle passait, étonnés de voir cette étrangère aux traits fins, aux longues oreilles et aux yeux bleus brillants. Elle tremblait, murmurant une prière à la Lumière que tous ces gens aient pu trouver refuge à Hurlevent avant qu’il ne soit trop tard. La vision furtive d’un monceau d’os calcinés, vite recouvert de cendres, vint lui répondre, bien plus vite qu’elle ne l’aurait voulu.

La colonne progressait lentement sous la pluie de cendres. Il n’y avait pas d’organisation, certains soldats étaient montés sur des chevaux mourants à deux ou trois, d’autres se soutenaient les uns les autres. Ce n’était plus vraiment une armée, mais bien une déroute paniquée après la dernière bataille, près de Sombre Comté. La ligne avait été brisée en deux endroits sous la charge brutale des Orcs, comme on les appelait à présent, et les soldats pris en tenaille. Ca avait été un massacre. Les lignes arrières avaient pu évacuer en laissant derrière elles armes et bagages, et encore, beaucoup avaient été rattrapés et exécutés sur place. Même les blessés n’avaient pas été épargnés par la fureur des monstres.

Mais le plus grave était que cette défaite marquait la chute du dernier verrou qui tenait encore la route pour Hurlevent. Dans quelques temps,  la capitale du royaume serait assiégée, et malgré toute sa foi en la Lumière, Estherna doutait que la ville pourrait tenir face à la fureur ennemie. Et le spectacle de la Forêt d’Elwynn ne faisait rien pour combattre ce pessimisme. Ils avaient fuis pendant un jour et une nuit avant de se regrouper à la bordure des Carmines. Après s’être reposés une journée, ils avaient décidés de repartir vers Hurlevent pour trouver un abri. Deux jours avaient suffi pour faire d’une forêt verdoyante un paysage de cauchemar.

Estherna espérait que l’abbaye de Comté-du-Nord avait tenu. Après tout, le bâtiment était fortifié et prévu pour fournir un refuge pour les paysans en cas de conflit. Bien entendu, lors de la construction, l’ennemi en question était des bandes de trolls en maraude ou des brigands un peu mieux organisés que la moyenne. Mais déjà, elle voyait la courbure de la route qui menait à l’entrée de l’abbaye. Les petites collines de part et d’autre de la route l’empêchaient de voir le bâtiment, une fumée noire qui montait de cette direction n’indiquait rien de bon.

Commençant à forcer le pas, le cœur battant de plus en plus vite, elle bouscula deux trois soldats qui n’eurent même pas la force de protester, elle parvint en tête du convoi. Puis, n’y tenant plus,  elle puisa dans ses dernières forces pour courir vers l’abbaye. A peine le virage franchit, elle manqua de défaillir.

L’abbaye était encore en feu, et la fumée noire qui en montait obscurcissait le ciel crépusculaire. A au moins trois endroits, le mur d’enceinte avait été percé et la grande porte d’entrée vénérable avait été enfoncé, ses deux panneaux gisant dans la cour intérieur. La prêtresse s’avança, l’air hagard, marchant doucement, dans ce qui était il n’y a pas si longtemps le jardin de l’abbaye. Ca et là  des corps humains défigurés et mutilés étaient étendus. A sa grande horreur, elle en reconnu deux, un jeune prêtre qui venait d’arriver et une paysanne qui vivait dans les environs immédiats de l’Abbaye. Levant la tête, Estherna regarda le grand clocher. Celui-ci était en feu également, ses parties en bois ayant été incendiées. Et c’est alors qu’elle la vit. Faible, tremblotante, une petite bougie avait été allumé au sommet de la tour.

S’élançant à nouveau, elle entra dans l’église dont la porte avait été détruite à coups de haches, et se mit à courir dans les escaliers qui menaient au sommet. Dans son ascension, elle trouva encore des cadavres d’habitants de l’Abbaye, mais ne s’arrêta pas pour prendre le temps de les identifier. Parvenu jusqu’au clocher, elle fut tout d’abord éblouie par les dernières lueurs du soleil qui se trouvait juste dans l’ouverture est du clocher, et du se masquer les yeux pour ne pas être étourdie. La fatigue lui pesait de plus en plus. Puis, une fois habituée à la lumière intense, elle l’a vit.

Katherine était étendue, le dos contre le mur est, juste sous l’ouverture, souriante, les yeux fermées. Estherna se jeta sur elle, la prit dans ses bras et se mit à pleurer.

« Es.. Estherna ? murmura difficilement Katherine »

Surprise par la voix faible venant de sa compagne, l’elfe relâcha son étreinte pour pouvoir la regarder. Ses yeux étaient à moitiés ouverts, mais elle souriait toujours.

« Je… je savais que tu reviendrais…
- Katherine ? J’ai cru… »

L’humaine lui souriait toujours du mieux qu’elle pouvait, mais la prêtresse avait remarqué qu’une des mains de sa compagne serrait son flanc droit. Lui prenant cette main doucement, Estherna comprit que son amie avait pris un coup de hache à cet endroit. Plusieurs organes étaient touchés. Son espérance de vie était de…

Secouant vivement la tête, Estherna chassa ces pensées de son esprit et commença à incanter la Lumière pour qu’elle soigne son amante. Ignorant la fatigue qui rendait tous ses gestes plus lourds, plus lents, plus imprécis, elle appliqua ses mains tendues sur la blessure. Katherine hurla de douleur, mais Estherna continuait de canaliser l’énergie sacrée. Jusqu’à ce qu’elle s’éteigne d’elle-même. Trop épuisée. Trop faible. Elle regarda ses mains, des larmes lui coulant sur les joues.

« Ce n’est pas grave mon aimée… murmura Katherine. A la fin tu m’es revenue ?
- Je vais y arriver. Je te le promets. Je vais te soigner, on vivra toutes les deux… avec Lylla. Où est Lylla ?
- Je ne sais pas… Je crois… . Je l’ai perdue…
- On va s’en sortir, on va s’en sortir. »

Les mains d’Estherna recommencèrent à briller légèrement, et la prêtresse s’apprêta à les appliquer à nouveau sur la blessure, mais fut interceptée par sa compagne qui lui saisit le bras.

«  C’est fini Estherna… Ne rends…. Ne rends pas ça plus douloureux que ça ne l’est…
- Mais la Lumière…
- La Lumière nous a réunies avant la fin. C’est tout…tout ce que je lui avais demandé. Dis…
- Oui ?
- Tu ne m’oublieras…pas ? Même quant tu auras… 1000 ans ? »

Des larmes commencèrent à couler des yeux de l’elfe. Saisissant son amie au cou, elle la serra dans ses bras.

« Non… jamais…. Je ne t’oublierai jamais… »

Elle resta ainsi une minute, a lui murmurer sans cesse la même promesse. Quant finalement elle ne sentit plus le corps de son amie bouger, elle relâcha son étreinte, et vit que Katherine avait les yeux clos et un grand sourire aux lèvres.

« Non… pas comme ça…. Ça ne devait pas… »

Derrière elle un raclement sur la pierre la fit sursauter. Probablement un des soldats de la colonne alertée par les cris. N’en ayant rien à faire, elle continua de serrer Katherine. L’homme derrière elle se rapprocha, puis dit :

« Omog Tualag ! »

Se retournant doucement, l’elfette vit que le nouvel arrivant était un géant de plus de deux mètres de haut,  à la peau vert sombre. Un orc. Ce dernier souriait d’un air mauvais, et secouait sa masse de fer noir de droite à gauche. Il n’y avait aucun doute de la manière dont il comptait s’en servir.

Estherna sentit quelque chose monter en elle. Une colère sourde. Une fureur terrible. Ces monstres avaient ravagés sa maison, tués ses amis et finalement lui avait pris les amours de sa vie, pour aucune raison apparente. Leur cruauté gratuite, la façon dont ils traitaient les blessés. Estherna comprit que ce n’était pas des monstres, mais des démons.

Se levant doucement, elle hurla :

« NON ! NOOOOOOOOOOONNNN !!!! »

Ses yeux bleus se mirent à briller avec plus d’éclat, de plus en plus clair, jusqu’à devenir blanc quant la fureur s’empara totalement d’elle. Appelant la Lumière, elle la tordit sous la colère, tandis que l’orc riait devant le spectacle de cette frêle silhouette semblant atteinte de la rage. Puis, il leva le bras pour mettre fin au spectacle.

Il fut interrompu dans son geste par une intense douleur au niveau de la poitrine. Des cloques naissaient un peu partout sur sa peau, et il sentit sa cage thoracique sur le point d’exploser alors que les battements de son corps s’accéléraient. Devant lui l’elfe serrait les dents et lui lançait un regard plein de haine. Titubant sous la douleur, il se mit à reculer alors que son crâne à son tour lui sembla se compresser. Il ne vit pas le rebord, et bascula dans le vide en hurlant quelques secondes avant de s’écraser quelques mètres plus bas.

Estherna regarda interdite l’orc chuter, alors qu’elle reprenait petit à petit contrôle d’elle-même. Elle ne comprenait pas ce qui venait de se passer, se demanda comment c’était possible, jusqu’à ce qu’une vague de fatigue aussi soudaine qu’intense ne vienne la frapper. Elle s’évanouit.

Estherna
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Message par Estherna Ven 16 Aoû - 16:31

Les cendres semblaient ne jamais finir de tomber, même en plein milieu de la nuit. Tout autour, les corps des anciens habitants de l’Abbaye étaient amenés dans la cour pour recevoir les derniers sacrements avant d’être brûlés dans un grand bûcher. Les hommes n’avaient simplement ni la force, ni les outils, de creuser ne serait qu’une force commune. Mais l’elfe avait, elle, puisé dans ses dernières forces, peu de temps après avoir repris conscience dans la cour, amenée par un soldat qui l’avait trouvée dans la tour. Elle savait où le jardinier avait rangé ses outils, et avait retrouvé une pelle dans les décombres. Amenant le corps de Katherine de son mieux, elle partit un peu à l’écart.

Elle commença à creuser juste à coté de l’abbaye, à la lueur blafarde de la Lune. Le sol était dur, desséché par les incendies, elle ne parvenait qu’à peine à l’entamer. Répétant sans cesse le credo de la Lumière, elle creusait, couvrant ses mains de sang, de cloques, les yeux embués par les larmes. Mais elle refusait de lâcher sa pelle, toujours creusant, centimètres après centimètres. Quant la Lune fut cachée par des nuages, elle s’éclaira à la lueur d’une torche et continua sa tâche.

Finalement, au bout de trois heures de travail, le trou n’était profond que d’à peine 50 centimètres. Estherna tomba à genoux, épuisée, n’ayant même plus de larmes à verser. Elle regarda le corps de son amie allongée à coté du trou, qui, yeux fermés, semblait dormir paisiblement. Prenant appui sur sa pelle, elle commença à se relever, puis s’effondra à nouveau. Se crispant de rage face à sa faiblesse, elle essaya à nouveau, mais sans succès. Courbée au sol, elle frappa du poing la terre couverte de cendres, et ne parvint même pas à hurler, sa gorge étant desséchée. Regardant Katherine, elle commença à murmurer d’une voix si faible qu’elle ne l’entendait même pas :

« Désolée… désolée…désolée »

Laissant tomber sa pelle, elle rampa jusqu’au corps, dont elle posa délicatement la tête sur ses genoux, poussant les quelques mèches qui étaient tombés sur le visage qu’elle avait tant aimé. Puis, doucement, elle se mit à faire des mouvements d’avant en arrière, comme pour la bercer, tout en lui parlant d’une voix toujours aussi faible :

« Demain… demain on va partir… dans le Nord…
- On prendra Lylla avec nous alors ? lui demanda Katherine, de sa voix douce
- Oui… toutes les trois. On aura une maison dans les montagnes d’Alterac, comme tu le voulais.
- On aura des animaux ? J’ai toujours voulu avoir un chien
- On aura autant d’animaux que tu voudras. Des chiens, des chats, des chèvres, des vaches…
- Et des enfants ?
- Si tu veux, si tu veux… on recueillera tous les enfants perdus. Et on vivra tous heureux dans les montagnes… Loin de la guerre, loin de ces monstres…
- Loin de la mort ?
- Loin de la mort elle-même »

Elle serra fort la tête de Katherine contre sa poitrine, continuant à lui chuchoter des promesses, à lui raconter l’avenir et à lui dire combien elle l’aimait.

Elle ne l’entendit même pas venir, tant elle était concentrée sur sa chanson. Doucement, il posa sa main sur son épaule. Elle se tourna pour voir un homme à l’air jeune mais pas enfantin. Elle lui aurait donné 25 ans, peut être un peu plus. Il était brun, et ses yeux gris portaient la marque et la fatigue de la campagne. Elle l’avait vu plusieurs fois dans la colonne, et elle savait que c’était un soldat qui avait été blessé. Elle ignorait jusqu’à son nom.

Son regard était mi-suppliant, mi-intransigeant. Mais ce dernier la ramena brutalement à la réalité. Il ne dit rien, ne fit que la regarder un instant. Puis, prenant la pelle, il se mit à creuser à son tour la tombe. Malgré l’usure qui se voyait dans chacun de ses gestes, il travailla avec énergie pendant une bonne heure, en silence, sous le regard d’Estherna.

Finalement, quant le trou atteint un mètre cinquante de profondeur, il posa la pelle sur le coté, et tendit les bras vers l’elfe. Cette dernière, comprenant ce qu’il demandait, se pencha une dernière fois sur les lèvres de Katherine, pour y déposer un baiser. Puis, péniblement, elle tendit le corps à l’homme, qui la prit délicatement pour la déposer au fond de la fosse, avant d’en sortir difficilement. Il aida Estherna à se lever, puis tous deux regardèrent le corps allongé.

La prêtresse ferma les yeux, et commença à murmurer en thalassien une prière à la Lumière.

« Que ton âme trouve la paix dans son dernier repos
Que ton esprit dorme à jamais dans la Lumière
Puisses-tu ne jamais plus connaître la douleur,
Puisses-tu ne jamais plus connaître la peur,
Puisses-tu ne jamais plus connaître la mort.
Adieu. Adieu. Adieu. »

L’homme écouta le sermon, puis, quant il fut fini, attendit encore quelques instants. Puis, se tournant doucement, il interrogea Estherna du regard. Celle-ci hocha doucement la tête, et l’homme reprit la pelle. L’elfe contempla une dernière fois le visage qu’elle avait tant aimée, avant que la première poignée de terre ne le recouvre. Puis ce fut au tour du corps d’être entièrement enterré. Finalement, l’homme reposa la pelle contre le mur de l’abbaye, puis partit chercher quelque chose. Il revint une minute après, un des symboles de la Lumière entre les mains. Un de ceux qui ornaient les murs de l’Abbaye. Il le planta à la tête de la tombe, puis rejoint Estherna, qui fixait toujours là où se trouvait Katherine. Passant un bras autour de ses épaules, il la serra contre lui, et dit, d’une voix éreintée mais d’où venait une certaine force :

« Ma sœur, nous avons besoin de vous. Si vous craquez, beaucoup d’entre nous craquerons…
- Pourquoi moi ?
- Je ne devrais peut être pas vous le dire... »

Estherna le regarda directement dans les yeux, un air de défi dans le regard

« Si vous commencez, finissez…
- Vous êtes… vous êtes un peu comme une mascotte pour nous…
- Une mascotte ?
- C’est une façon de parler. Vous êtes la seule elfe qui se batte à nos cotés. On a entendu ce qu’il s’est passé dans cette église…
- Je n’ai fais que mon devoir…
- C’est déjà beaucoup. Les hommes puissent leur volonté dans la vôtre. Ils se disent que si vous, vous vous battez pour un peuple qui n’est pas le vôtre, ils ne peuvent pas faire moins pour le leur.
- Je ne savais pas que je représentais autant… Je… je ne voulais pas.
- On ne vous le demande pas. Mais il faut que vous restiez forte. Si vous vous découragez, tous ces hommes vont fuir vers le Nord. Et Hurlevent pourrait avoir besoin d’eux.
- ….
- Et nous devons partir dans une heure. Avec un peu de chance, en passant par les chemins dans ce qui reste de la forêt, nous arriverons là bas avant l’ennemi.
- Comment vous appelez vous soldat ?
- Alaeric. Alaeric Willhelm.
- Je vous retrouve dans une heure. D’ici là… d’ici là je voudrais être un peu seule…
- Je comprends. A tout à l’heure ».

Et, relâchant son étreinte, il repartit vers la cour. Estherna le regarda partir, avant de se tourner à nouveau vers la tombe.

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Message par Estherna Sam 17 Aoû - 21:58

Chapitre 6 : Une ville en larmes

Hurlevent n’était déjà plus que l’ombre de son antique splendeur. Partout, dans les rues, dans les maisons, dans les églises, sur les bords des canaux se massaient des réfugiés venus de tout le royaume. Hommes, femmes, enfants, animaux, la concentration était telle que le bruit était cacophonique et l’odeur atroce. Déjà, l’eau des canaux, jadis d’une pureté nacrée, avait pris la teinte verdâtre de la vase, salies par les déjections et les rejets de la ville surpeuplée.

L’elfe, ainsi que deux hommes de la colonne encore un peu vaillant, suivait de près Alaeric qui se frayait difficilement un chemin à travers la foule. Après deux jours et une nuit de marche, ils étaient enfin parvenus à destination, mais beaucoup d’hommes n’étaient pas arrivés jusque là. Sur les 600 hommes que comptait leur groupe en déroute après la bataille, ils n’étaient plus que 200 lorsqu’ils parvinrent à Hurlevent. La maladie, la faim, les blessures, avaient eu raisons des autres.

Arrivés à la capitale, ils avaient pu trouver un petit espace près de l’enceinte extérieure pour s’installer, bien que le mot soit un peu fort. S’effondrer serait plus approprié. Le semblant d’autorités de la ville avait bien dépêchés quelques prêtres et un peu de nourriture, mais Estherna avait vite vu aux gestes des soigneurs que ce n’était que des novices. Et la nourriture n’aurait pas suffit à sustenter 200 enfants en bas-âge. Et, maintenant, plus elle s’enfonçait dans la ville, plus les visages verdâtres, les ventres gonflés des enfants, la pâleur des réfugiés, plus le pressentiment qu’elle avait eu à son arrivée se confirmait. Pas assez de nourriture, pas assez de prêtres expérimentés disponibles, pas d’évacuations des déchets. Si les monstres ne les tuaient pas avant, la maladie et la faim s’en chargeraient. Ce n’était plus qu’une question de semaines, elle le savait. Elle tressaillie à cette pensée, mais s’abstint d’en parler à ses compagnons. Elle se dit qu’ils n’avaient pas besoin de ça en plus à se préoccuper, s’ils ne s’en étaient pas déjà rendu comptes par eux-mêmes.

Finalement, au détour d’une rue, Estherna aperçu les contours d’un bâtiment massif en pierre, sur lequel pendait la bannière bleue et or frappée d’un lion d’Hurlevent. La caserne de la ville. Le commandement central des armées du royaume. Leur destination. Alaeric avait été clair dès leur arrivée : ils étaient encore des soldats d’Azeroth, et tant qu’il vivrait, il comptait se battre pour elle. Les autres avaient pensés de même, de même que la prêtresse. De toute manière, vu qu’il faudrait bien mourir ici, autant le faire en emportant un ou deux monstres avec soi.

La suite logique fut donc d’aller se présenter au commandement pour demander de l’équipement et des ordres pour le siège, et c’était le but de leur expédition.

« On ne fait pas la charité ici ! Allez voir à l’église en contrebas s’ils n’ont pas quelque chose pour vous ! leur dit le soldat de garde devant les grandes grilles qui avaient été rabaissées
- Nous ne sommes pas des mendiants mon ami, répondit Alaeric avec un faible sourire, nous sommes des soldats tout comme vous
- Ah ? Et vous pouvez le prouver ?
- J’ai encore mon insigne d’officier, dit le jeune homme, en présentant une tête de lion dorée à l’homme
- Qu’est-ce qui me prouve qu’elle vous appartient ?
- Vous avez beaucoup de réfugiés qui viennent demander à rejoindre l’armée pour défendre la ville ? »

L’homme les considéra un moment, puis finalement se retourna et héla quelqu’un qui était hors de leur vue. Doucement, la grille commença à se soulever d’un demi-mètre, à peine pour passer dessous en se baissant. Le garde leur enjoint de la main de passer, tandis que derrière elle, l’elfe sentait la foule se presser de plus en plus vers l’entrée. Se courbant rapidement, le petit groupe pénétra dans la cour tandis que la grille retombait lourdement derrière eux. Un autre homme, vêtu d’un uniforme sale et l’air fatigué vint les accueillir dans la cour. Il les salua, ce à quoi ils répondirent, et les guida jusqu’à un débarras qui avait été aménagé en bureau :

« Je suis le lieutenant Macroer, le chargé du recensement des troupes. J’ai entendu votre conversation avec le garde. Vous venez vous battre ?
- Oui Monsieur.
- Vous êtes ?
- Alaeric Smith monsieur.
- Smith hum ?
- Oui.
- De quelle compagnie ?
- La compagnie des Marches Monsieur. 4ème section.
- La 4ème ? Mais… je pensais que vous aviez été anéantis à Sombre Comté…
- C’est le cas, répondit Alaeric, l’air triste, mais certains d’entre nous ont réussis à fuir et à se regrouper, puis à revenir ici.
- Tous de la 4ème ?
- Non, nous… nous sommes de toutes les compagnies mélangées. Nous sommes 200.
- 200 ? l’homme répéta, l’air étonné. C’est beaucoup. Beaucoup trop pour vous réincorporer.
- Mais…
- N’ayez crainte, nous n’allons pas renvoyer des gens prêts à se battre. Mais je crains que vous ayez à former une nouvelle compagnie.
- Oh…
- Attendez un instant. »

L’homme se pencha, et attrapa un papier et une plume qui avait été posés par terre. Commençant à écrire, il dit en même temps :

« Ce papier stipulera que sur ordre du Roi, une nouvelle compagnie sera crée. Vous serez la 7ème…
- Attendez ! l’interrompit Alaeric
- Je vous demande pardon ?
- Pouvons-nous choisir notre nom ?
- C’est très irrégulier… Mais étant donné les circonstances…
- Nous voudrions être… la Compagnie du Phénix, dit Alaeric, en regardant Estherna en souriant à peine
- Le Phénix ?
- Oui… comme lui nous renaissons de nos cendres. Et comme nous avons une représentante de Quel’thalas parmi nous, ça me semble approprié !
- Non, vraiment, ce n’est pas la pei… commença Estherna, quant un des deux hommes qui les avait accompagnés lui posa la main sur l’épaule
- Si, je trouve que c’est une bonne idée. Ca nous portera chance ! Qu’est-ce qui peut tuer un phénix ?
- Bien, je suppose que l’on vous doit bien cela, observa le Lieutenant, en signant au bas de la feuille. Voilà, vous êtes officiellement, sous ordre sur Roi, le chef de la compagnie du Phénix, avec le titre de Sergent. Où sont vos hommes ?
- Près de la porte sud…
- Et bien ils seront prêts lorsque la bataille éclatera. Nous vous donnerons des armes dans quelques heures. Bonne chance à vous.
- Merci ».

Ils firent le retour silencieusement, regardant autour d’eux ce qui ressemblait à la fin du monde. De temps en temps, le regard d’Alaeric et d’Estherna se croisèrent, mais à chaque fois, ils détournèrent rapidement les yeux. Estherna regardait également attentivement la foule, à la recherche de Lylla, hélas, sans succès. Ils n’avaient pas trouvé de corps d’enfants à Comté-du-Nord, l’espoir bien que mince, était toujours vivant.

Finalement, ils parvinrent jusqu’à leur petit campement, et les autres soldats accueillirent la nouvelle avec joie, lançant des acclamations, certaines destinées à l’elfe, qui ne put s’empêcher de rougir. Peut être que ce nom les protégerait finalement. Puis, quelques heures après, comme promis, des caisses d’armes et d’armures furent livrés, ainsi que de quoi faire un repas plus consistant. Un prêtre plus expérimenté vient également aider Estherna à soigner les malades et les blessés. Il n’y avait pas de quoi faire d’eux une compagnie sur le pied de guerre, mais c’était déjà mieux que rien. Et chaque homme avait dans les yeux l’envie d’en découdre et d’offrir aux monstres le pire des combats de leur vie.

Alaeric s’occupait de la distribution des fournitures. Quant elle eut fini avec ses blessés, Estherna s’approcha de lui, l’air déterminé :

« Que vous faut-il ma sœur ?
- Une épée.
- Pardon ?
- Donnez-moi une épée. Je veux me battre à vos cotés sur la muraille.
- Ce n’est pas la peine, vous nous serez plus utile en bas…
- Ecoutez-moi bien Sergent. Ces monstres m’ont tout pris. Celle que j’aimais. Mon foyer. Mon avenir. Ma raison de vivre. Je ne resterai pas en bas. Je n’attendrais pas qu’ils vous dépassent et viennent nous cueillir. Je serai avec vous, là haut, et je mourrais l’arme à la main parmi les autres. N’essayez pas de m’en empêcher, parce que je monterai même désarmée ».

Alaeric la regarde un moment, puis, soupirant et fermant les yeux, avec un petit sourire :

« Vous savez au moins comment vous en servir ?
- Le bout pointu dans l’ennemi ?
- Vous avez déjà la base. Essayons de voir les leçons avancées » dit il en prenant une épée dans la caisse et en lui tendant.

La prenant gauchement, Estherna fut d’abord surprise par le poids de l’arme. Mais doucement, Alaeric se plaça derrière elle et lui prit les mains, les déplaçant de manière à ce qu’elle ait une meilleure emprise sur la garde. Puis, toujours guidant ses gestes, il entreprit de lui montrer les coups de bases à l’épée.

Ils s’entraînèrent ensuite au combat, à un contre un, sous les regards amusés des autres soldats qui la bombardait d’encouragements et de conseils. Mais las, elle finissait à chaque fois désarmée par les coups rapides de l’homme qui lui souriait, goguenard. Elle savait que ce n’était pas de la méchanceté, seulement une manière de l’encourager. L’entraînement dura une bonne heure, jusqu’au coucher du soleil, où ils s’arrêtèrent pour manger. Appréciant le repos, personne ne parlait, chacun profitant de la présence des autres, comme s’ils étaient tous devenus des amis de plusieurs décennies. Parfois, quelques blagues bon enfant fusaient, faisant rire toute la compagnie, y compris la prêtresse.

Soudain, le silence fut brisé par une corne lancinante dans le lointain. Tous se regardèrent, interdits. Ils connaissaient ce son. Alaeric observa sa compagnie, posa son assiette, et commença à se lever, quant toutes les cloches de Hurlevent se mirent à sonner en même temps.

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Message par Estherna Lun 19 Aoû - 21:34

Chapitre 7 : Première Vague

Le crépuscule était illuminé par les feux innombrables d’une armée en marche. Sur les murailles, un silence de mort pesait, tandis que chaque soldat tentait de compter combien de monstres marchaient vers eux. Un murmure de découragement traversa les rangs, et quelques mouvements de foules laissaient à penser que certains déjà tentaient d’abandonner leurs postes. Estherna ne pouvait pas leur en vouloir. Elle avait envie de faire de même, une boule dans le ventre, l’animal tapie au fond d’elle, lui hurlait de courir à toutes jambes et de se cacher dans un recoin. Le tumulte approchant, des bruits de tambours et de cornes, ne faisait rien pour les rassurer.

Regardant Alaeric, elle vit que celui-ci semblait incroyablement serein dans l’agitation de plus en plus importante. Leurs regards se croisèrent, et il perçut la détresse de l’elfette. Sa réponse semblait contenue dans ses yeux à la fois tristes et fermes « Et où veux tu que nous allions nous cacher ? » semblait il dire.

Estherna sourit à cette idée, la considérant un moment puis haussant les épaules. Si après tout il fallait mourir, autant que ce soit ici, avec ces hommes. Elle l’avait dit plus tôt, mais elle n’avait pas réalisée ce que ça signifiait. Autour d’elle, les hommes de la compagnie du Phénix resserrèrent les rangs, avec une décontraction irréelle. La résignation à leur destin se lisait sur leurs visages, mais ils comptaient bien montrer à ces monstres qu’ils ne gagneraient pas aisément.

Hélas, tous les soldats ne partageaient pas ce sentiment, loin de là, et des fracas de métal contre la pierre témoignaient d’armes et de boucliers jetés à la va-vite sur le sol. Quelques soldats dévalaient les marches, certains hurlant. La prêtresse constata que beaucoup étaient jeunes, voire très jeunes. De manière évidente, l’armée avait accepté dans ses rangs n’importe qui en âge et en état de se battre. La panique gagnait peu à peu les défenseurs, et l’elfe se dit que seule sa compagnie allait rester là, quant une voix forte tonna en contrebas, entre les deux murailles, depuis le pont les reliant et enjambant la petite rivière qui formait l’entrée proprement dite de la ville :

« Regagnez vos postes ! Vous pensez peut être que vous vous défendrez mieux dans les jupes de vos mères ? » hurla le Seigneur Lothar, au milieu de sa garde personnelle.

Les hommes qui fuyaient se regardèrent, pataud, et certains commencèrent à revenir sur les murs. Anduin Lothar descendit de sa monture, vite imité par les soldats qui l’accompagnaient, avant d’entamer son ascension. Arrivé en haut, son regard croisa celui de l’elfe, mais rien n’indiqua qu’il l’avait reconnue. Puis, se plaçant au centre, au milieu de la porte, il se retourna pour regarder l’horizon.

« C’est tout ce que ces chiens sont capables de faire soldats ? » dit il, avant de se retourner pour regarder l’assemblée, interdite devant l’homme à l’air âgé, dont la barbe blanche faisait plus pensé à un philosophe qu’à un soldat. Cependant, son armure complète, avec l’aigle d’or comme épaulière, suffisait à affirmer sa légitimité.

« Soldats ! Ca va être une glorieuse bataille, une de celles dont on fait les contes ! Oh, ne croyez pas que ce sera une de ces légendes où les dieux ou je ne sais quoi d’autres viendront nous sauver au dernier moment. Nous allons tous mourir à la fin, mais je préfère que ce soit ici, dit il en frappant du pied sur le sol, que comme un chien dans une ruelle en demandant pitié. Nous allons prendre autant de vies à ces monstres que nous pourrons. Chacune de ces choses en moins sera autant qui ne déferlera pas sur le reste d’Azeroth une fois cette bataille finie.

Soldats ! Dans les jours à venir nous allons apprendre le respect à ces monstres ! Voulez vous leur donner une victoire facile ? »

Les hommes se regardèrent en chuchotant, certains disant des « non » peu convaincus. Soudain, derrière l’elfe, Alaeric hurla :

« Jamais ! »

Anduin sourit au jeune homme, puis continua :

« Il n’y a qu’un seul brave ici ? Voulez vous que ces monstres massacrent vos familles sans que vous ayez tentés quoi que ce soit pour les arrêter ? »

Cette fois, les non furent plus nombreux, mais ce n’était pas encore l’enthousiasme général.

« Voulez vous mourir sans gloire, sans honneur, sans avoir au moins essayé ? »
- Non ! cette fois, plus de la moitié des soldats, dont Estherna, avait répondus
- Voulez vous qu’ils souillent impunément nos terres ?
- Non !, la totalité des soldats répondirent
- Voulez vous que nos braves tombés au combat ne soient pas vengés ?
- Non !
- Je ne vous promets pas la victoire ce soir ! Mais je vous promets que si nous tenons suffisamment pour faire hésiter ces monstres, ils n’attaqueront pas de si tôt les autres peuples d’Azeroth. Et ceux si tomberont avec toutes leurs forces sur nos ennemis, vengeant Hurlevent et son peuple. Nos morts ne seront pas oubliées ! Nous tiendrons aussi longtemps que possible et même après ! Pour Hurlevent !
- Pour Hurlevent ! hurlèrent les soldats
- Et pour Arathor ! cria un des hommes de la garde de Lothar
- Hourra pour Arathor ! crièrent les soldats, Hourra pour Hurlevent ! Hourra pour le Seigneur Lothar !
- Qu’ils viennent se confronter au dernier rempart d’Azeroth ! » cria Lothar, levant sa grande épée qui flamboya dans le soleil couchant

Les hommes reformèrent les rangs sur les murailles, tandis que déjà l’avant-garde des assiégeants sortait des bois calcinés, hurlant dans leur langue barbare. Ils étaient nombreux, mais peu étaient entièrement recouverts d’une armure. Certains portaient des échelles, d’autres des grappins, et un bélier roulait au milieu d’eux.

Soudainement, une longue corne déchira les airs, et les monstres chargèrent. Apparemment le commandant à leur tête avait décidé de remporter seul la victoire. Lothar, enfilant son casque, se retourna vers la cour en contrebas, faisant signe aux archers qui s’y trouvaient de faire feu. La volée de flèches ne se fit par attendre, et une nuée noire traversa le ciel en direction de la ligne ennemie. Une bonne partie fut fauchée, mais cela n’arrêta pas leur charge folle. Deux autres volées furent tirées, avec moins d’efficacité, avant que les premières échelles ne tombent sur les murs et que les grappins ne soient lancés. Tout d’abord, les soldats essayèrent de les repousser, mais les archers ennemis les forcèrent à s’abriter derrière les remparts.

Le premier monstre sauta sur les remparts, fit tournoyer sa hache et hurla :

« Lok’tar Ogar ! »

L’épée du Seigneur Lothar le décapita proprement, et son corps bascula dans le vide, allant s’écraser en contrebas. Mais déjà d’autres ennemis sautèrent sur la muraille, et le combat s’engagea. L’elfe, au milieu de ses compagnons, gardait son épée à la main, mais se concentrait surtout sur leur protection par la Lumière, invoquant des boucliers quant elle le pouvait, soignant les blessures les plus légères, tandis que le mur tenait bon. Alaeric, au milieu de la mêlée, faisait tournoyer sa lame dans un nuage de mouvements qui tranchait les membres des monstres.

Soudain, l’homme situé sur la droite d’Estherna reçut un coup de hache dans le poitrail, qui le fit reculer de quelques pas et basculer dans le vide. Le monstre occupa rapidement cet intervalle, menaçant de briser la ligne des humains. Sans réfléchir, l’elfe plongea en avant, épée levée, et la planta dans le coté gauche de l’ennemi, le faisant hurler de douleur, mais ne le tuant pas.

Celui-ci, fou de rage, se retournant vers la prêtresse, et commença à lever son arme pour l’abattre. Se souvenant des quelques conseils dispensés un peu plus tôt, Estherna sauta en avant, se rattrapant avec peine sur le sol de la muraille, tandis que la hache passait juste au dessus de ses oreilles. Au sol, elle vit que les mollets du monstre étaient à portée, et elle les trancha sans hésiter, ce qui le fit tomber à genou.

Se relevant difficilement dans la mêlée autour d’elle qui la bouscula deux fois, elle grimaça quant un coup plus fort que les autres la toucha dans les cotes, mais elle tint bon. Elle fit que son adversaire, bien que souffrant le martyre, se relevait doucement aussi. Se jetant à son coup, elle fit glisser sa lame sur sa gorge, faisant couler un flot de sang noirâtre sur la pierre, avant de lui donner un coup de pied dans le dos pour le faire basculer à son tour.

Gorgée par sa victoire, elle se retourna pour chercher son prochain adversaire. Le combat sur les murailles virait au carnage, mais les humains tenaient bons. Elle aperçut rapidement le Seigneur Lothar aux prises avec un monstre mieux équipé que les autres, probablement leur commandant. L’envahisseur semblait surpris de la force des coups délivrés par le vieil homme, ainsi que par leur rapidité. Secouant la tête, elle se concentra sur son environnement immédiat, à temps pour Alaeric se battre contre trois ennemis à la fois. L’homme était assez doué pour leur donner du fil à retordre, mais il ne suffirait que d’une erreur de sa part pour que ce soit la fin.

Hurlant un cri bestial, l’elfe chargea dans la mêlée, délivrant des coups à droite et à gauche sur les parties non exposées des ennemis, et parvenant à portée d’Alaeric, invoqua in-extremis un bouclier qui fit rebondir la hache d’un des monstres. Celui-ci, surpris, laissa une ouverture suffisante à Alaeric pour planter sa lame dans sa gorge, mais ce mouvement laissa également l’homme exposé à une contre-attaque.

Le second ennemi ne sut jamais d’où vint la lame qui le planta dans le dos et qui lui transperça le cœur. Faisant pivoter l’épée dans la blessure, l’elfe la retira dans une gerbe de sang tandis que son adversaire s’écroulait. Le troisième, surprit, fut abattu par Alaeric qui, d’un coup de bouclier, le fit basculer par delà les remparts.

L’elfe sourit à l’homme, qui lui rendit. Un hurlement bestial retentit alors, au moment où le Seigneur Lothar avait éventré son adversaire, qui criait sa douleur, avant que l’humain ne le décapite proprement pour l’achever. Hurlant alors, Anduin Lothar paru aux soldats comme une divinité vengeresse venue châtier leurs ennemis :

« REPOUSSEZ-LES ! »

Ce fut le dernier déclic dont eurent besoin les humains pour frapper de toutes leurs forces leurs ennemis, qui furent vite débordés. Finalement, au bout de quelques minutes, tous les monstres étaient soit morts, soit en fuite, sous les vivats et les hourras des soldats en délire.

Regardant Alaeric, Estherna se mit alors à rire, sans pouvoir s’arrêter, vite rejointe par les autres hommes présents à ses côtés, le Sergent compris. Ils avaient survécus, et c’était déjà un exploit en soi. Ils riaient aussi pour ne pas voir les nombreux humains qui étaient tombés durant cette première escarmouche. Ils auraient le temps pour s’inquiéter plus tard. Pour l’instant, ils voulaient juste célébrer cette petite victoire.

L’elfe se rendit compte que sa robe blanche était couverte de sang, mais cela ne la gênait pas plus que ça finalement. Elle n’avait pas été blessée, et c’était un bon début. Les hommes de la compagnie se regroupèrent, tandis que le Seigneur Lothar donnait des ordres pour que les défenseurs soient relayés aux remparts. Il ne s’attendait pas à un autre assaut, mais il valait mieux être prudent.

Un des hommes de la compagnie fit une révérence exagérée à Estherna pour l’inviter à prendre la tête dans les escaliers, à laquelle elle affecta de répondre avec les mêmes manières.

« Quel galant ami ! Comment vous nommez vous ?
- Sire Goddefroy pour vous servir Madame
- Sire Goddefroy de quel comté ?
- Du comté de la taverne du chien loup ! hurla un des autres hommes, sous les rires généraux
- Hé bien Sire, me tiendrez vous la main pour que je ne glisse pas dans ces marches ?
- Mais avec grand plaisir ! »

Et ils descendirent, les mains levées comme s’ils allaient au bal, suivi des autres membres de la compagnie qui firent de même. A peine eurent ils entrepris d’avancer sur le pont menant à la ville que les cloches se remirent à sonner. Un jeune homme arriva en courant depuis la cité, hurlant :

« Seigneur Lothar ! Seigneur Lothar ! Le Roi est mort ! Le Roi est mort ! »

Estherna
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Message par Estherna Mer 21 Aoû - 20:49

Chapitre 8 : L’œil du cyclone

L’homme frissonna, son visage montrant un instant de la détresse avant de se fermer. Estherna put voir son point ganté d’acier se fermer tandis qu’il baissait le visage et fermer les yeux. Puis, soudainement, il parut prendre conscience de l’agitation grandissante qui gagnait les rangs des soldats qui étaient passés de l’euphorie au début de panique. Relevant le regard, il se retourna et cria :

« Et quoi ? Vous vous battiez seulement pour un seul homme ? Ne pensez pas que je dénigre le Roi Llane, c’était un ami cher, mais ce n’est pas que pour lui que nous tenions ces murailles. C’est pour tous les innocents qui sont réfugiés dans cette ville ! Et ce n’est pas sa mort qui changera quoique ce soit à ce fait. Alors ressaisissez-vous et continuez à servir. C’est pas si vous aviez d’autres choix de toute manière ! »

Puis, se retournant vers le messager, il lui lança un regard froid, comme pour lui reprocher d’avoir failli provoquer une débandade, puis lui enjoint de la main de le mener jusqu’à la salle du trône. Les soldats, interdits, silencieux, regardèrent le duo s’éloigner. L’elfe se tourna vers ses compagnons, qui ne semblaient pas non plus quoi devoir faire à présent, jusqu’à ce qu’un jeune page les aborde :

« Excusez moi, je cherche le Sergent Smith de la Compagnie du Phénix ?
- C’est moi, répondit Alaeric, sans sourire
- Je viens de la part du commandement. Nous avons réussi à libérer une taverne pour vous et vos hommes. Vous pouvez vous en servir de quartiers.
- Oh, c’est…bien. Mais vous n’avez pas du expulser de réfugiés ?
- Si. Mais dans des temps comme ceux que nous connaissons, il est crucial que les soldats soient les mieux reposés.
- Je….je suppose que… je ne sais pas si je peux accepter…
- Alaeric, mon ami, dit Estherna, tu dois accepter. »

L’homme se retourna, surpris d’entendre ce conseil de la part de la prêtresse. Souriante, elle reprit :

« La Lumière nous enseigne la Compassion, c’est vrai. Mais elle nous apprend la Ténacité. Et pour être tenaces, il nous faut un toit et un repas chaud. Nous ne tiendrons pas longtemps épuisés.
- Mais les gens…
- Ils devront faire avec. Qu’importe qu’ils dorment sous un toit s’ils se font massacrer. Ce n’est pas facile à dire, mais une mort en martyre ne sauvera personne cette fois ci. Et puis, tu dois aussi penser à ceux qui sont sous tes ordres. »

Alaeric la regarda encore un instant, puis observa ses hommes. Sur les 200 initiaux, une trentaine avait été fauchée par la première vague, et une cinquantaine avait été blessée. Ils avaient l’air épuisés, affamés, mais quelque chose dans leur regard laissait entendre qu’ils respecteraient la décision de leur chef, quelle qu’elle soit. Soupirant, il dit au page :

« Très bien, guidez nous ! »

La taverne était située au milieu d’un entrelacs étroit de ruelles encombrées de réfugiés. Le page, qui ouvrait la voie, reçu plusieurs projectiles de la part d’hommes et de femmes visiblement furieux de l’évacuation de la taverne. Des insultes fusaient de part et d’autre, puis se turent brutalement quant les hommes de la compagnie furent entièrement visibles. Quelques derniers projectiles volèrent, mais le spectacle de ces hommes blessés, aux vêtements déchirés et couverts de sang imposa un silence de mort dans l’assistance.

La porte d’entrée était barrée par quatre soldats, boucliers levés et épées dégainés, visiblement sous tension, qui poussèrent un soupir de soulagement à leur approche. Se poussant pour leur laisser la voie libre, ils saluèrent Alaeric, puis, une fois la compagnie entièrement à l’intérieur, reformèrent les rangs, mais la foule s’était déjà dispersées.

La taverne était basse de plafond, sentait l’urine et le mauvais alcool, mais le feu qui crépitait dans la cheminée rachetait aisément tous ces travers. Un couple grisonnant, manifestement les propriétaires, accueillis les guerriers avec un sourire de façade, mais c’était également la peur qui se lisait dans leurs yeux. L’auberge comportait, outre la grande pièce à vivre, quatre grandes salles faisant office de dortoirs, ainsi que deux chambres privatives, l’une ayant été attribuée au Sergent, l’autre à l’elfe, en tant que seule femme de la compagnie.

La chambre était petite, sombre et sentait le moisi. Le lit, défoncé, semblait accueillir son propre écosystème complexe et la seule fenêtre avait un carreau brisé. C’était la chambre la plus luxueuse auquel elle avait eu droit depuis des mois. Jetant son maigre sac contenant quelques habits récupérés à droite et à gauche dans un coin, elle s’étira un peu avant de s’étendre sur le lit. Se relaxant, elle ferma les yeux et oublia un instant la guerre, le siège, les monstres, sa mort imminente et repensa aux moments heureux du passé. Doucement, elle sombra dans le sommeil.

Trois coups secs à sa porte la réveillèrent en sursaut. Elle ignorait combien de temps elle avait dormi, mais le jour n’était pas encore levé. Sortant difficilement du lit, elle ouvrit la porte pour découvrir un Alaeric souriant tristement.

« Le dîner est servi… si vous avez faim…
- J’arrive, répondit-elle. Merci d’être venu me prévenir »

Le repas du soir était une sorte de bouillie étrange, de couleur verdâtre, au gout à mi-chemin entre l’herbe et la vase, mais qui avait au moins le mérite d’être chaude. L’ambiance était plutôt bonne, compte tenu de la nouvelle de la mort du Roi. Un jeune soldat du nom de Cédric commença à démontrer ses talents de jongleurs, tandis qu’un vieil homme appelé Thaerlan faisait des petits tours de magie, souvenirs lointains d’une époque où il avait été apprenti du Kirin Tor.

Soudain, Cédric se retourna vers l’elfe, un sourire de cabotin sur le visage, des mèches blondes lui tombant en bataille sur un visage encore infantile :

« Dites ma sœur, c’est lequel d’entre nous que vous préférez ?
- Co… comment ? répondit elle en rougissant, surprise
- Je suis sûr que vous m’aimez bien hein ? dit-elle, toujours aussi insolent
- N’importe quoi ! dit Goddefroy en montrant ses muscles, une fille comme elle il lui faut un homme, un vrai !
- Bah, écoutez les se la raconter dit un homme un peu plus âgé à la moustache fourni, elle aime surtout les hommes qui ont de l’expérience
- Je suis sûr que ta femme aura beaucoup à redire sur ton expérience ! répliqua une autre voix »

La suite de la conversation fut confuse, chacun s’envoyant des petites piques. Se frayant un passage au milieu, Cédric sortit une petite fleur bleue de sous son pardessus, qu’il offrit à la prêtresse, qui le prit en souriant et qui alla même jusqu’à déposer un léger baiser sur la joue du garçon, qui repartit rouge comme une pivoine en riant.

Se relaxant sur sa chaise, Estherna regarda Alaeric, pour se rendre compte qu’il l’observait également. Cette fois-ci, aucun d’entre eux ne brisa le moment, jusqu’à ce que l’homme, dans un sourire, se lève en saluant la compagnie. A peine avait il atteint que le haut des escaliers qu’Estherna quittait la salle à son tour.

Elle le retrouva dans le couloir, alors qu’il atteignait la porte de sa chambre. Posant doucement sa main sur son dos, elle se colla totalement à lui, sans rien dire. Ils restèrent ainsi un instant, jusqu’à ce que l’homme se retourne pour l’enlacer.

« Je ne sais pas si commença Alaeric
- Ne dis rien, murmura t’elle
- Tu ne sais pas ce que tu fais
- Et alors ?
- Ce n’est… ça ne serait pas bien pour moi d’en profiter.
- Embrasse moi idiot, répondit l’elfe »

L’homme hésita quelques secondes, puis s’exécuta, entraînant la prêtresse dans sa chambre.

Estherna
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Message par Estherna Mar 27 Aoû - 16:25

Chapitre 9 : La fin d’une ville

Ce furent les cloches de la ville qui les réveillèrent aux aurores. D’abord paniquée, Estherna se rendit compte à la cadence que ce n’était que le signal du matin et que la relève sur les murs aurait lieu d’ici deux heures. Regardant son compagnon, elle lui sourit doucement, tandis que ce dernier se réveillait, l’air un peu perdu.

« Je… je ne sais pas si c’était bien »

Déposant un baiser sur ses lèvres en toute réponse, l’elfe lui donna un coup de coussin sur la figure avant de se lever et de le toiser de sa nudité puis de rire légèrement :

« Ton problème Alaeric c’est que tu parles trop !
- Mais…
- Chut ! Habille toi, descend en premier, je vous rejoins dans 15 minutes.
- Oui Madame ! »

S’exécutant, l’homme enfila son armure et sortit après avoir embrassé Estherna une dernière fois. Celle-ci, écouta les pas sur l’escalier grinçant menant à la salle commune avant de se rhabiller à son tour. Sortant discrètement dans le couloir, elle rejoint sa chambre où elle trouva un bac d’eau froide et un broc. Rougissant à l’idée que les aubergistes avaient remarqués son absence, elle n’en procéda pas moins à un brin de toilette, frémissant à la température de l’eau.

« Il ne t’aura pas fallu longtemps, lui dit le reflet de Katherine dans l’eau, d’un air réprobateur
- Je vais probablement mourir dans les heures qui viennent…
- Est-ce bien une raison ?
- Ecoute, je…
- Et Lylla ? Est-ce que tu l’as cherché ?
- ….
- Tu nous as oubliées !
- Non ! Je te défends de dire ça !
- Dans les bras de ton fougueux amant, où elle se mettrait de toute manière la pauvre petite ?
- Arrête !
- Tu nous as mentis ! Tu disais que tu m’aimais ! Au final tu vas dans le lit du premier qui est d’accord !
- Je te défends de dire ça ! » hurla l’elfe, jetant le broc dans le bassine, ce qui éclaboussa une grande partie de la salle.

Haletante, l’elfe entendit un bruit de pas rapide dans les escaliers, suivi de la voix inquiète d’Alaeric à sa porte :
« Tout va bien ?
- Oui… oui pardon, j’ai du m’assoupir et j’ai fais un mauvais rêve. »

Ouvrant la porte, le jeune homme découvrit l’elfe nue, accroupie à coté du bac d’eau, tremblant de froid et les yeux rouges. Sans rien dire, il attrapa une serviette et l’enveloppa, s’efforçant de ne pas la regarder. Cela fit sourire la prêtresse, qui se blottit dans les bras de l’homme et dans la serviette. Ne disant rien, elle ferma les yeux, se laissant bercer par sa respiration lente. Puis, au bout d’une minute, il dit doucement :

« Tu vas rester ici aujourd’hui, d’accord ? Tu es fatiguée et pas seulement physiquement. Il vaudrait mieux que tu…
- Ne sois pas ridicule. Les murailles seront le dernier endroit dans cette ville où je pourrais avoir le temps de penser à quoique ce soit.
- Je préférerais…
- Pas moi. Pars devant, dis que je vais bien, j’arrive ».

La horde d’ennemis avait grossi de manière spectaculaire par rapport à la veille. A perte de vue, une marée verte s’étendait dans les cendres de la jadis magnifique forêt d’Elwynn, et une rumeur sourde, faite de cris et de tambours de guerre en montait. Sur la muraille les hommes regardaient le spectacle sans tressaillir. Tous avaient dans les yeux le regard des condamnés à mort, mais leur détermination ne semblait pas pour autant défaillir. Tous s’étaient passés le mot qu’ici était aussi bien qu’ailleurs pour mourir, et que s’ils pouvaient le faire en tuant quelques ennemis, tant mieux.

Toujours bien au centre le Seigneur Lothar portait son armure intégrale. On disait qu’il n’avait dormi que quelques heures et qu’il avait tenu la veille quasiment toute la nuit. Estherna, à la vue du vieux guerrier, sentit une bouffée d’admiration monter en elle, ainsi qu’une incroyable volonté de tenir pour ne pas le décevoir lui. L’aura qui se dégageait du Général était incroyable. Soudain, sans rien dire, il abattit sa visière et leva son épée à deux mains. Regardant devant elle, l’elfe vit que les ennemis avaient lancés la charge, portant à nouveau des échelles et des grappins. Cependant, derrière eux se profilait les immenses silhouettes de tours de sièges bâties au cours de la nuit. La capacité de ces monstres à construire ce genre d’assemblage en si peu de temps était proprement époustouflante.

Se faisant la réflexion que ce n’était pas le moment de s’émerveiller, l’elfe rajusta la chemise de maille qu’on lui avait donnée et fixa son casque qui avait été adapté durant la nuit par Goddefroy pour faire de la place à ses oreilles, qu’elle remercia une fois de plus en souriant. Soulevant son épée, elle se plaça en deuxième ligne, derrière la rangée de boucliers, afin de pouvoir frapper et soigner avec le plus d’efficacité.

Quant les ennemis furent parvenus à cinquante mètres des portes, une volée de flèches siffla au dessus de la tête des défenseurs, allant faucher quelques assaillants. Hélas, comme la veille, cela ne suffit pas à briser la charge, et bientôt des échelles et des grappins furent lancés. La bataille s’engagea sur les remparts, et les entrechoquements de métal provoquèrent une terrible cacophonie.

Perdue au milieu de la mêlée Estherna lançait des sorts pour tenter de protéger ses compagnons et donnait des coups d’épées dans les interstices qui se présentaient. Au plus fort de la bataille, elle fut bousculée et projetée en avant, tombant lourdement au sol. Se relevant difficilement en secouant la tête, elle sentit une force la forcer à rester au sol. Gigotant pour tenter de voir ce qui l’écrasait, elle s’aperçut qu’un des monstres lui avait mis le pied dessus et se préparait à l’achever d’un coup de hache.

Hurlant de terreur, elle chercha à attraper son arme qui était tombée un peu plus loin, en vain. L’ennemi était bien trop fort pour qu’elle puisse de dégager, mais alors qu’elle pensait sa dernière heure venue, un soldat donna un grand coup de bouclier dans la mâchoire du monstre, le forçant à reculer, puis d’un coup d’épée dans le torse, le fit basculer dans le vide. L’aidant à se relever, Goddefroy lui sourit et lui fit un clin d’œil, juste avant qu’un brutal coup de hache vienne enfoncer le casque de l’homme et mettre fin à ses jours.

L’auteur du coup se tourna vers l’elfe en riant et en bavant. Celle-ci, ne prenant même pas le temps d’être choquée, fit la première chose qui lui passa par la tête : un grand coup de pied dans l’entre-jambes du monstre qui le fit hurler et se recroqueviller, puis, attrapant une lance laissée là, elle lui enfonça dans l’abdomen et le poussa de toute sa rage dans le vide, dégageant son arme. Se retournant, elle s’aperçut de la praticité de son arme en l’enfonçant dans les gorges exposées des adversaires.

Enfin, aussi brutalement que l’assaut avait commencé il s’acheva, les monstres battant en retraite sous les volées de flèches. Estherna s’essuya le visage et cracha le sang qu’elle avait dans la bouche suite à sa chute et considéra l’étendue des dégâts. La charge avait été encore plus féroce que la veille, et les défenseurs étaient de plus en plus fatigués. Plantant sa lance dans un des monstres agonisant, elle s’approcha d’un soldat vêtu d’une armure de plaques complètes et portant le tabard d’Arathor et qui gisait là, se tenant le flanc. Un coup vicieux le faisait saigner abondamment.

Lui retirant son casque, elle se rendit compte qu’il était plutôt jeune, mais la grimace qu’il affichait témoignait de la douleur intense. Posant doucement ses mains sur son front, elle l’apaisa, avant de s’occuper de refermer la blessure. Autour d’elle d’autres soigneurs se dépêchaient de soigner ceux qui pouvaient l’être.

Sentant une présence derrière elle, l’elfe ne se retourna pas, concentrée sur sa tâche, même quant la voix forte du Seigneur Lothar l’interpella :

« Il va s’en tirer ?
- S’il a suffisamment de temps devant lui pour ça, oui. Ses jours ne sont plus en danger. Enfin, si, mais pas de cette blessure.
- Bien, je veux que vous et un de vos hommes l’ameniez au Palais. Ils le soigneront.
- Sauf votre respect Monsieur, je souhaiterai rester avec ma compagnie.
- Vous en avez déjà beaucoup fait jeune fille, et je ne veux pas qu’on conteste mes ordres. Qui est votre supérieur ?
- C’est moi, dit Alaeric qui s’approchait pour savoir ce qu’il se passait
- Vous l’accompagnez également, ainsi que vos hommes. Si les murs sont brisés, je veux des gens de confiance pour le dernier carré.
- Bien monsieur. »

Ouvrant les yeux, le jeune soldat blessé semblait mieux se porter. Plissant des yeux pour distinguer son supérieur qui était dos au soleil, il dit difficilement :

« Que… que s’est-il passé ?
- Vous avez pris un sacré coup mon garçon. Remerciez cette jeune femme de vous avoir sauvé. On va vous évacuer au palais.
- Mais… je peux…
- Je ne veux pas de blessé sur mon mur ! Alors vous allez obéir Turalyon !
- Oui… Monsieur. »

Le palais était dans un état déplorable. Partout des lits de fortune avaient été installés pour les blessés, et même les plus grandes dames de la noblesse semblaient aider à soigner ceux qui pouvaient l’être. Les visages marquaient comme partout la fatigue et le désespoir. Installant le blessé dans une des chambres, la compagnie fut ensuite réunie dans une des salles d’armes du château pour y manger un rapide repas froid. Encore une trentaine de soldats étaient morts sur la muraille, et les blessés étaient l’écrasante majorité des survivants. Cette fois, l’ambiance n’était plus à la fête, plombée d’autant par l’atmosphère de deuil qui enveloppait les lieux.

L’attente dura toute l’après midi, quant soudain les cloches de la ville se mirent à sonner à toutes volées. Se regardant, les soldats de la Compagnie comprirent. Les murs étaient tombés, les monstres étaient dans la ville. S’équipant en silence, ils se lancèrent des derniers sourires et sortirent, prêt à se rendre aux murailles du palais, quant quelqu’un hurla :

« Ordre du Seigneur Lothar : tous au Port ! Tous au Port ! »

La compagnie se regarda, hésitante, mais Alaeric pris rapidement la parole :

« Vous avez entendu les ordres ! On va au port. La ville va être une vraie cohue et on risque de tomber sur nos ennemis. Alors tout le monde en formation. Prenez les blessés pouvant se battre avec nous, mais il nous faut abandonner les autres. C’est dur, mais nous n’avons pas le choix ».

Les hommes acquiescèrent tristement, conscients de la nécessité de l’ordre donné. Puis, avançant dans les couloirs, ils se mirent à relever les blessés les plus valides. Les suivant, Estherna soignait avec parcimonie ceux qu’elle pouvait aider, tout en cherchant à s’économiser. La cohue qui régnait à présent dans le palais était à présent totale, mais la compagnie qui s’était soudée dans les épreuves tenait bon.

Au détour d’une salle, l’elfe aperçut un mouvement derrière un rideau, où se cachait une petite silhouette. Croyant apercevoir Lylla, elle secoua la tête et s’approcha, écartant le morceau de tissu pour trouver un petit garçon d’une dizaine d’années aux cheveux noirs et à l’air terrifié. S’accroupissant, elle posa sa main sur sa joue tout en autant son casque et lui dit doucement :
« Tu vas venir avec moi, d’accord ? »

L’enfant hocha doucement la tête, captivé par les yeux bleus de l’elfe. Tendant sa main, Estherna la prit, remis son casque et rejoins le groupe, qui ne fit pas de commentaires sur le fait qu’elle l’amène avec eux. Alaeric donna l’ordre de marche et la compagnie sortit en formation du palais, dans les rues livrées à l’anarchie la plus totale.

Les toits d’Hurlevent brûlaient, et une fumée noire obscurcissait le ciel, le colorant de la même manière que ce jour pas si lointain à l’abbaye. Tressaillant en repassant à Katherine, Estherna se concentra sur l’immédiat et sur les rues encombrées de corps et de débris fumants. De toute évidence les monstres étaient passés par là et avaient remis la prise du palais à plus tard. Traversant rapidement les rues étroites des quartiers qui portaient le château, la compagnie parvient à la grande place de la Cathédrale, où des bruits de combats les renseignèrent sur la position de leurs ennemis.

Alaeric, leur ordonnant de rester dans la ruelle pour être cachés, conversa rapidement avec quelques soldats, puis l’instruction de charger en adoptant une forme de flèche fut transmise dans toute la colonne. Ainsi, ils espéraient pouvoir briser la ligne ennemie et rejoindre les leurs. Estherna souleva le jeune garçon et le serra contre elle. Quant le mot parvint jusqu’au bout, tous les hommes possédant un casque le refermèrent, puis Alaeric, souriant à l’elfe, sortit en courant de la ruelle :

« Mort aux envahisseurs ! POUR AZEROTH ! », avant d’être rejoints par le reste de la colonne qui hurla de même. Les monstres, manifestement pris par surprise, ne parvinrent pas à se reformer à temps pour encaisser la charge. Pris en tampon, leur ligne fut brisée, ce qui permit à la colonne de traverser le champ de bataille tandis que les derniers ennemis étaient massacrés. Le commandant du groupe qui tenait la place salua Alaeric, puis leur dit :

« Vous devez continuer vers le Port. Le Seigneur Lothar regroupe les derniers défenseurs là bas.
- Et vous ?
- Nous avons l’ordre de tenir la place aussi longtemps que possible. Nous accomplirons notre devoir.
- Je peux vous laisser quelques hommes…
- Il vaut mieux qu’il aille mourir au port. Peut être que Lothar a un plan.
- Espérons-le. Bonne mort mon ami.
- Puissiez-vous en faucher dix autres avant de tomber ! »

Rebaissant sa visière, le commandant ordonna à ses hommes de reprendre leurs positions tandis qu’Alaeric remettait sa compagnie en marche. Le port n’était plus qu’à quelques centaines de mètres de là, et le territoire était encore sous contrôle humain. Cependant les soldats hâtèrent le pas de leur mieux, certains allant même jusqu’à courir quant c’était possible. Finalement, ils aperçurent les grands portes du port, d’où des bruits de combat semblaient monter. Portant toujours le jeune garçon, Estherna suivit le mouvement et découvrit la scène :

Le port était bloqué par trois bateaux ennemis, assemblages ridicules de métal et de bois sur des coques de navires humains capturés. Des coups de canons étaient tirés en direction du port, et plusieurs dizaines d’orcs avaient débarqués, attaquant ce qui ressemblait au dernier carré des défenseurs d’Hurlevent, avec à leur centre Anduin Lothar. Une nouvelle fois la compagnie chargea pour prendra les attaquants à revers. La surprise joua pour eux une fois encore, et les assaillants furent dispersés et exécutés. Rejoignant les forces présentes, les soldats reformèrent la ligne, attendant que la force principale n’arrive de la ville.

« Amenez-moi à mon oncle ! dit le jeune garçon
- Pardon ?
- Mon oncle, là ! » répondit il en pointant le Seigneur Lothar

Sans bien comprendre, l’elfe s’approcha du vieux guerrier et l’interpella timidement :

« Seigneur ?
- Qu’il y a-t-il ? Qu’est ce que… Ce jeune garçon, vous l’avez trouvé où ?
- Dans le palais, il semblait perdu. J’ai pensé que l’emporter serait mieux…
- Et vous avez bien fait jeune femme. Vous avez probablement sauvé le royaume aujourd’hui ! »

Etonnée et un peu perdue par l’absurdité de la réplique, quant tout ce qu’il restait du royaume se trouvait autour d’eux, se préparant à son dernier combat, Estherna posa le jeune garçon au sol, quant un bruit terrible de canonnade retentit au large. Se baissant pour se préparer aux impacts, l’elfe regarda en direction de la cacophonie pour constater avec surprise que c’était les bateaux ennemis qui brûlaient et qui étaient déchirés.

Dans le soleil couchant les silhouettes terribles de dix navires aux voiles blanches se découpaient, voguant à pleine vitesse vers le port, écrasant les navires ennemis. Les soldats sur le port, éberlués, regardèrent les bateaux ennemis sombrer tandis que déjà leurs sauveurs effectuer à grande vitesse les manœuvres d’accostage, slalomant naturellement entre les obstacles du port. Le premier arriva à quai, et la grande voile blanche marquée d’une ancre bleue criait sa provenance.

Des passerelles en bois furent abaissées et des soldats en descendirent pour aller relever les lignes avancées, alors que déjà les monstres paraissaient aux portes de la ville. Mais deux navires restés en retrait firent tonner leurs canons, forçant l’ennemi à se mettre à couvert.

« Ah ! Je savais bien que ces monstres ne feraient pas le poids face aux loups de mers de Kul Tiras !, dit Lothar en riant, Qu’est ce que vous attendez ? Une invitation ? Tous à bord ! »

Ne se faisant pas prier les survivants se précipitèrent vers les bateaux où les équipages les dirigèrent vers les soutes des navires. L’organisation et le sang froid des marins étaient impressionnants, et il ne fallut pas plus de dix minutes pour que le dernier navire ne largue ses amarres, reprenant la route du large à toute vitesse.

Alaeric et Estherna avaient embarqués sur ce dernier navire, avec le Seigneur Lothar qui leur avait demandé de rester pour protéger le jeune garçon. Le capitaine du bateau était une jeune femme d’une vingtaine d’années, mais elle manœuvrait son appareil avec l’aisance d’un loup de mer. Hurlant des ordres, ils eurent tôt fait de quitter la baie d’Hurlevent, tandis que le quatuor regardait la ville en flammes.

« Nous sommes vivants…. Mais nous avons perdus…, dit Estherna en sanglotant. Combien de temps avant qu’ils montent au Nord et ravagent le reste de notre monde ?
- Nous reviendrons. Nous les battrons. Et nous rebâtirons Hurlevent. Et plus jamais aucun ennemi, aussi fort soit il, ne prendra ces murs ! » dit le jeune garçon, une fureur nouvelle dans les yeux.

Se retournant vers le pont principal, le jeune garçon grimpa sur le bastingage, se tenant à un cordage, et regarda les survivants qui s’étaient échoués là. Tous se laissaient aller au chagrin, maintenant que le danger était passé. Hurlant, il imposa le silence, malgré sa voix d’enfant :

« Kul Tiras nous a répondu ! Mais Lordaeron fera de même ! Et Forgefer ! Et Alterac ! Et Arathi ! Et Dalaran ! Et Gilnéas ! Et même les Elfes de Quel’Thalas ! Nous reviendrons avec la plus grande force que l’humanité n’a jamais constituée dans l’histoire de l’humanité ! Et nous frapperons ces monstres avec toute notre fureur, toute notre colère ! Ma vengeance ne sera achevée que quant chacun de ces monstres sera mort ou humilié à mes pieds, et que les tours du Palais d’Hurlevent se dresseront à nouveau !

Ce n’est pas terminé ! Ce ne sera terminé que quant chacun d’entre nous sera mort ! Aussi longtemps que je m’appellerai Varian Wrynn, le Royaume d’Azeroth continuera d’exister ! Pour Hurlevent ! Pour Azeroth ! »

Les survivants, d’abord étonnés d’être harangués par un enfant, hurlèrent à leur tour :

« Pour Hurlevent ! Pour Azeroth ! Pour le Roi Varian ! »

Et, alors que dans son dos la ville brûlait de plus en plus fort, l’elfe se prit à espérer que la guerre n’était pas finie, tandis qu’elle acclamait à son tour le jeune roi.


FIN DE LA PREMIERE GUERRE



Estherna
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