Tekmessa

Tekmessa se réveilla dans une crypte humide
que n'éclairait qu'une torche lointaine.
La jeune femme se sentait animée d'une force impérieuse.
- C'est donc ainsi la mort ? Songea t'elle à voix haute.
Son cœur ne battait pas. Le contact de la pierre ne lui semblait
ni froid, ni chaud, seulement un peu rugueux.
La force qui la maintenait lui fît serrer les poings de rage.
Elle songeait à la vie, au sang filant dans les veines
à la chaleur des corps. Un regret l'étreignît un instant de
désarroi sans limite. Puis la rage revînt comme une vague immense
et chassa ces pensées.
Une forme encapuchonnée se mit en mouvement à l'autre bout de la pièce.
A mesure qu'elle se rapprochait, la lumière dansante dessinait
ses contours. Un être décharné, un simulacre d'homme la regardait
d'un air satisfait.
De surprise elle leva la main pour le désigner.
Elle cessa aussitôt son inspection pour s'abîmer dans la contemplation
de sa main déchirée, de son bras où l'os transparaissait au travers
d'une peau desquamée et filoche.
- Tu es revenue d'entre les morts. Soit en fière Tekmessa !
La morte-vivante se leva, reconnu sa vieille épée et partit
sans accorder le moindre intérêt au prêtre de Thanatos.
- Je suis Capitaine dans la marine. Dit-elle pour elle-même.
Je dois rejoindre mon navire.
Le prêtre rit d'un rire sans joie.
- Tu reviendras Tekmessa.
- J'en doute...
Elle sortit au grand air et rejoignit le village.
Tout lui paraissait fade et sans couleur.
- Je trouverai la chaleur, je reverrai la couleur.
Mais avant il faut que je mange...

Je viens d'obtenir le grade 20 !
Le règlement de la horde étant très strict,
pas moyen d'obtenir un canasson avant.
Le règlement c'est le règlement comme ils disent !
Il est beau, il me ressemble, avec ses os blanchit
par le soleil d'Azeroth.
C'est bon de savoir qu'il existe une vie après le boucher !

Tekmessa sans vie,
restait debout, un doigt d'ivoire pointé vers la voûte céleste.
Sa poitrine n'était mue par aucun souffle
Et pourtant tout chavirait en elle.
Elle ne savait plus, à cet instant, ni son nom, ni son histoire
Et le monde autour d'elle la toisait d'un visage inconnu et méprisant.
Elle ignorait si ses os se trouvaient éparpillés dans l'humus du sous-bois
ou réduits en cendre, gobée par les poissons du lac.
Elle demeurait sans voix, sans mot, irrémédiablement répandue.

Lorsque l'absence se fût emparée d'elle
alors vient le souvenir et celui-ci dépassait tout puisqu'il n'y avait plus rien.
Le souvenir d'un homme, aimé, perdu lui aussi, demeuré du côté des vivants
D'un monde de chaleur et de goût, de couleurs et de chants, de clameurs et d'amour.
Et ce souvenir, immense, embrassant tout son être
se retira à son tour pour ne représenter plus qu'un minuscule élément, une étoile clouée sur la voûte glacée de l'univers.
Elle retrouva alors son entendement, sut à nouveau qui elle était et où elle se trouvait.
Glacée par l'étreinte du manque elle s'agenouilla en détachant son regard du souvenir.
Elle essaya de pleurer, mais n'y parvint pas.
Un autre jour sans vie.

(j'aime beaucoup! c'est très poétique!)

Un matin, aussi fané que les autres,
Tekmessa décida de fleurir son corps décomposé.
S'enduisant de glaise et de feuilles mortes, elle se roula parmi les
graminées d'un champ fleuri dans l'espoir que la nouvelle génération
l'ornerait de sa naissance.
Au bout d'un mois quelques plantes prirent racine au cœur de sa
dépouille mais son odeur corporelle avait atteint un tel sommet
de pestilence que même au sein des réprouvés, on parla de négligence.
Le boucher-médecin envoyé par la garde de protection olfactive
ordonna un bain de formol qui réduisit à néant ses espoirs de floraison.
Je pourrais peut-être me mettre à l'élevage, se dit Tekmessa.

Quand Seqqara, baignée, maquillée, parfumée,
vêtue à la dernière mode de Lune-Argent
découvrit Tekmessa,
elle vomît sur se plus belle robe.

En pleine confusion,
elle se précipita vers la rivière qui bordait le moulin.
- Ne vous en faites pas, lui cria la morte-vivante
de sa voix de corbeau asthmatique. J'ai l'habitude !
- Pas moi ! Hurla l'elfe en s'enfuyant.

Lorsqu'elle se fût nettoyée, briquée, frottée au sang,
La démoniste revînt à la charge, un mouchoir imbibé
de parfum en guise de bouclier.
- Pardonnez moi sœur défunte, bégaya t'elle
Presqu'aussi livide que l'autre.

Quoique marqué de tavelures brunâtres, tel un fruit
trop mûr, le visage de la guerrière semblait
relativement épargné par rapport à ses mains
dont les os perçaient au travers des chairs.

Tekmessa étouffa un ricanement sans joie,
la voix légèrement plus rapide que le mouvement
de ses mandibules.
- Tout est de ma faute, je vous assure. Dit-elle.

Seqqara, pourtant peu regardante sur l'aspect de ses compagnons
d'aventure, faillit hurler en l'écoutant parler.
Le timbre de la non-vivante lui fourrageait les nerfs.

Tekmessa porta subitement la main à son oreille,
d'un geste vif qui aurait déboité l'épaule d'une autre,
elle l'arracha sans façon.
Elle exhiba un lambeau de chair putréfiée en ricanant
de manière hypnotique. Son fou rire semblait surgir
de tout autour de sa personne.
- C'est ça qui pue ! Ajouta t'elle en coassant de plus belle.

Fascinée, Seqqara se mît à rire comme une folle.
Ses yeux roulèrent dans leurs orbites et elle défaillit.
Tekmessa venait de gober son oreille et la mâchait
avec application.
- Pas perdre... Dit-elle.

- Petite nature ! Pensa la guerrière en la laissant dans l'herbe
auprès d'un nécrogarde.

Plus d'histoire ici...

(image perdue... Je vais la retrouver...)

Les bras de Tekmessa bougeaient d'eux-mêmes.
En plein combat contre ce druide du croc, une secte elfe de la nuit déviante,
son esprit fît un long voyage, tandis que son corps poursuivait son oeuvre de destruction.
"J'étais capitaine d'un navire à Hurlevent !"
Le parfum de l'océan lui fouettait les poumons,
celui de l'iode, du sel et de la poudre à canon...
Elle respirait pour la première fois depuis longtemps.
Les battements de son cœur et la chaleur dans ses joues
lui rappelèrent qu'elle était vivante et amoureuse.
L'être aimé appartenait à la voile sanglante,
une compagnie de pirates honnie des siens
et pourtant contre tout raison son âme ne soupirait que pour lui.
Un combat acharné. Deux vaisseaux ennemis contre sa seule frégate...
Elle préfère mourir que de perdre son honneur,
mais la mort ne vient pas.
D'un seul regard, leur amour se partage, se lie irrévocablement.
Tout d'abord épargnée en tant qu'otage, elle trahit et rejoint finalement
les rangs des pirates.
Cet Orc qui me vient aujourd'hui en aide au nom de la horde,
je le connais, je le connaissais... Mais d'où ?
Lui et sa bande, mercenaires de Gadgetzan ont assailli les navires à l'ancre.
Mon amour ne doit pas périr !
Tekmessa se jette au devant de la hache de l'orc qui lui décrire la poitrine.
Et pourtant son amour n'est pas mort avec son corps.
Alors que l'elfe de la nuit tombe à ses pieds, exsangue,
elle agonise couchée sur le sable chaud d'une plage.
Maintenant elle se souvient
Resh, mon bourreau, ta sollicitude m'est une insulte !
Et je ne retrouverai la paix du tombeau que lorsqu'à
ton tour tu auras connu le regret de sentir la vie qui s'enfuit.
J'attendrai que tu aimes : je veux que tu regrette ta vie,
autant que je la regrette !

(*est toujours aussi fan de tekmessa* Enccccooooreeee!)

*Tekmessa fait un signe de la main et se fend d'un petit sourire nerveux. Elle change d'avis et s'incline respectueusement. Soudain sa main se plaque sur son visage*
- Oh non ! J'ai encore perdu mon œil droit ! Aide moi s'il te plait, c'est mon meilleur !
- Attends Tekmessa. Répond Iswe la grise. Je le vois là ! Il a roulé sous la table !
- Que personne ne bouge crie Tekmessa dans l'auberge.
Un réprouvé ricane de sa bouche sans joue, le ramasse et fait mine de vouloir le gober.
- Toi je vais te découper en tranches très fines !!!! Hurle la guerrière.
Sans se décontenancer le réprouvé trempe l'œil dans son gobelet d'eau de vie et le lui tends.
- Il était sale...
- Ouille fait Tekmessa en le remettant en place, ça brule !
Et le réprouvé part dans un rire qui lui décroche la mâchoire.
Vexé il quitte la salle pour aller se la raccrocher loin des regards.
- Merci Iswe. N'hésite pas à participer à mes récits en y mêlant tes idées.

Je suis fan. Encore!!

- Je te couperai bien les oreilles ô Kalistraa !
Les miennes sont en triste état et ont besoin d'être remplacées !
Je jalouse ta beauté et le sang chaud dans tes veines.
Mais puisque tu m'aimes donc un peu,
je te te haïrai point et je te saluerai avec force mimiques
lorsque d'aventure, nous nous rencontrerons !
Que la paix soit sur toi et ta mort lointaine !

Tekmessa regrette Hurlevent.
Elle voudrait y revenir
et monter à bord d'un de ses navires.
Longer ses ruelles où elle était fière d'arborer
les couleurs de sa cité.
Par où faut-il passer ?
- La grande porte : suicide !
- Le port ?
Les conseils sont bienvenus !

Tekmessa, ta détresse trouve écho dans mon coeur. Si un petit bout de mes oreilles pouvait t'arracher à ta sinistre condition c'est en pleine sérénité que je le sacrifierais. C'est en vérité la chaleur de mon sang qui fait vivre dans mon coeur la compassion que tu m'inspires.

Tekmessa fourbit son équipement.
Est-ce pour cacher son corps abimé ?
Déjà morte elle tient pourtant au peu de "vie" qui lui reste.
Aussi s'efforce t'elle de toujours choisir les meilleures armes et protections.
Ami hordeux, toi qui passe nous voir, écoute son unique conseil.
Ne te précipite pas dans une course effrénée pour atteindre les cercles des héros.
Équipe toi d'abord : ta vie en dépend !

Si Tekmessa ressemble a un sapin de fête
, c'est pour vous souhaiter un joyeux voile d'hiver !

Tekmessa se rendit à Lune Argent sans raison évidente,
juste pour s'abreuver le regard d'un peu de beauté.
Elle admirait les elfes gracieux de figure et leurs manières délicates,
dont les voix chantent comme une nature en fête.
Elle songeait à Seqqara - Démoniste - sombre chemin pour une elfe.
Sa maison familiale se trouvait à deux pas.
Sans l'avoir prémédité, Tekmessa s'approche et la hèle, l'espérant au logis.
Seqqara passe la tête par la fenêtre. Et la rue s'éclaire de sa beauté éthérée.

- Tekmessa d'Outre-Tombe !
Quel vent de larme vous amène au pays du triomphe de la vie ?!
- Ne soyez pas cruelle belle amoureuse, envers celle qui a tout perdu.
- Entrez dit l'amoureuse en disparaissant dans la maison, pour réapparaitre
sur le seuil les bras ouverts en signe d'accueil.
- Merci dit Tekmessa émue d'être acceptée par une si belle personne.
- Asseyez-vous sur mon sofa. J'y ai jeté une couverture pour le protéger...
Seqqara rougit de sa propre bêtise...
- Je ne me vexe pas si facilement Seqqara et vous avez bien fait.
Je desquame beaucoup ces derniers temps.

- Tenez, essayez cet onguent, il est magique !
- Miraculeux serait plus approprié dans mon cas !
- Il existe des pommades de personnalisation épique
qui donnent au patient une nouvelle apparence, mais ce n'est qu'une rumeur...
- Arnaque et charlatanisme ! S'exclama Tekmessa.
Seqqara retourna dans la cuisine sans cesser de parler de tout d'un voix enjouée.
- Votre Resh vous aimerait-il enfin ? S'enquit l'invitée.
Seqqara réapparut, portant deux tasses.
- Du feuille-argent. Détend et rend l'esprit plus vif !
- Comme cela je pourrai suivre votre brillante conversation de lettrée !
Seqqara la regarda avec désapprobation.
- Vous me taquinez Tekmessa et c'est vous qui allez mal.
Vos piques sont autant d'appels à l'aide !
Tekmessa baissa les yeux sur ses mains hideuses.
- Je voudrai être aimée...
Mon âme souffre dans sa prison de charogne.
Seqqara choquée, évitait le regard de la morte-vivante.
A demi par compassion et à moitié pour se soulager, elle dit d'une traite :
- Vous vous parerez de l'or de vos victoires. Étincelante vous serez
admirée par vos alliés pour votre implacable volonté. Vos ennemis
apprendront à craindre votre épée vengeresse. La gloire et la vaillance
seront les moteurs de votre vie. Je vois cela en vous Tekmessa d'Outre-tombe !

Tekmessa s'enfuit sans un mot, s'arrachant à cette insupportable sollicitude.
- Il faudra bien que je te l'arrache ton amour, ton Resh ! Ce héros qui a mis fin
à ma vie et à l'amour ! Œil pour œil, dent pour dent. Ce n'est qu'une question de temps.

Ainsi pensait Tekmessa guerrière impitoyable, Tombeuse de tranchebauge
et du monastère écarlate, en quittant Lune argent.

Ich habe keine angst
Je n'ai pas peur
Sous mon armure lisse.
Je l'ai briquée pour qu'elle étincelle.
Mon ennemi s'y contemple,
pendant que je cherche son point faible.
Je ne crains plus son regard qui se perd
Mes os s'y abritent, noble sépulture
Et je ne suis plus qu'un élan
qui se poursuit jusqu'au bord du rêve
et s'éteindra au réveil d'un coup trop fort pour moi.
Pas encore, toujours pas.
La fin ne vient pas.
Mon mouvement s'éternise en une délicieuse seconde.


Tekmessa, guerrière morte-vivante de cercle 40