Tekmessa

La nuit tombée,
Tekmessa s'enfouit sous l'humus du sous-bois
Retournant, le temps d'un songe au cycle de la vie et de la mort
A ce qui meurt pour nourrir la vie qui éclot à neuf
d'une beauté toute fraiche, innocente.

Elle rêva qu'il lui poussait des racines et qu'elle devenait arbre
et qu'à sa cime un papillon après avoir fécondé son unique corolle
s'envolait vers un ailleurs inaccessible et pourtant réel.

Mal lui en pris. Profitant de son sommeil des loups
vinrent se disputer ses os.
Hurlant de fureur, Tekmessa défendit ses membres épars
et d'un seul bras abattit les charognards.
Le repos m'est interdit dans cette mort songea t'elle morose.

Tekmessa

Moi qui ne connais pas le repos,
Je le donne sans trève. 
Mon âme s'est enfoncée si bas
Que je la cherche en vous.  
Dans la chair et le sang,
Sourde au cris, aveugle aux pleurs
De mes ennemis innocents
Et quand un glaive ouvre mon ventre,
Il n'y trouve rien. 
Son acier m'éparpille, mais non-morte
Il faut que je me relève encore.  
Moi qui ne connais pas le repos,
Je le donne sans trève.